Contrefacteur de cartes géographiques , coutumier des citations architecturales et blanchisseur de drapeaux , Nicolas Milhé a, entre autres, exposé à Rennes un module identique à ceux qui forment le mur frontalier séparant Israël et la Cisjordanie , noyé la Suisse dans le lac de Genève, projeté des pyramides des âges en barres d’immeubles modernes …
Pour cette première exposition personnelle à Marseille, qui prolonge celle intitulée STAR WAR intentée à la Vitrine de l’ENSAPC à Paris l’an dernier, la paranoïa va toujours bon train et la situation continue de s’envenimer. Ce second volet reprend en partie la première proposition, avec la même construction bipolaire, voire duelliste, et use du même minimalisme ironique. Sur l’échelle de dangerosité que présentait Low to severe dans cette précédente exposition, la tension est incontestablement montée d’un cran.
Ici, comme pour STAR WAR, deux grands miroirs extraits de l’ensemble Constellations se font face de part et d’autre de la pièce, leurs surfaces criblées de judas dessinent les constellations du Cancer et du Capricorne.
Au fond de l’espace un monolithe noir laqué, percé lui aussi, laisse apparaître une fine raie de lumière. Il faut faire le tour de ce volume pour prendre la mesure de cette sculpture qui reproduit un dispositif architectural que l’on retrouve des châteaux forts médiévaux aux bunkers modernes, celui de la meurtrière. Une section trapézoïdale pratiquée sans l’épaisseur d’un mur permet au tireur retranché de dégager le champ de tir tout en le gardant lui à l’abri des projectiles. Ce « motif » emprunté à l’architecture militaire, ici transfiguré en sculpture minimale joue à plein son rôle de machine de vision : par nature il sépare les spectateurs en deux catégories suivant qu’ils se trouvent d’un côté ou de l’autre de l’objet en question, observateur ou spectateur observé.
Matthieu Clainchard, 2008
Ouverture: du mardi au samedi, de 14h à 19h et sur RDV