Lina Jabbour est née en 1973 à Beyrouth. Elle vit et travaille à Marseille.
Le travail de Lina Jabbour s’opère à partir d’une collecte d’éléments tirés de son environnement avec lesquels elle procède à des changements d’échelle qui génèrent des déplacements et des métamorphoses. Les thématiques de l’exil et de l’identité présents de manière frontale dans les premiers travaux (La Diplomatic, Banc public) s’ouvrent désormais sur une réflexion sur la question de l’étranger qu’elle traduit par un vocabulaire plus onirique et plus équivoque.
Pour Buy-sellf, elle propose Isidore. Constituée d’une sculpture et d’une peinture murale, cette installation place le spectateur devant un univers indéterminé et inquiétant. Forme hybride, mi-humaine, mi-animale, oscillant entre abstraction et figuration, Isidore se présente comme un assemblage d’éléments incongrus (bras de squelette de médecine, têtes de râteau, socle en trompe-l’œil) d’où émergent des infinités d’hypothèses, des bribes de narration trouées, des tentatives de résolutions en chausse-trappe. Si elle puise dans le registre des contes et des fables pour ériger une figure fantasmagorique, Jabbour ne formule aucun dénouement, ne propose aucune interprétation figée.
On retrouve ici une préoccupation omniprésente dans les dessins de l’artiste souvent habités par des formes organiques envahissantes qui opposent une résistance à toute forme de cloisonnement et cherchent à sortir des limites des espaces où l’on tente de les enfermer. Dotée d’un nom au genre indéfini (Isidore est un prénom mixte) et évoluant dans un paysage aride et hostile, la sculpture semble suspendue dans un mouvement d’émancipation qui se révèle à la fois tragique et grotesque.
Claire Guezengar