MENU

  • Cécile Benoiton
  • OÙ lieu d’exposition pour l’art actuel
  • Cécile BENOITON

    L’Outrepassante

    Exposition

    Rencontre avec l’artiste

    du 17 au 31 janvier 2009
    et du 5 au 14 février 2009

    Exposition ouverte du mercredi au samedi de 15 h à 19 h

    www.collectifr.fr – rubrique « réseau » – Cécile Benoiton

    Texte sur le travail de Cécile BENOITON
    L’outrepassante…

    En quelques secondes l’écran est saturé, gavé, débordé par le geste. Un geste ferme et volontaire, qui semble s’amuser de notre nausée ou de nos sourires gênés…Car parfois la dernière image provoque une étrange satisfaction qui ressemblerait presque à un plaisir coupable. Sans doute parce que nous aurions aimé la faire, cette petite expérience… dépasser les bornes: ne pas s’arrêter à temps… Serions-nous capables, nous qui regardons cela, de le faire? Retrouver cette « absence » qui autorise l’assaut des convenances: pousser à bout, en mettre partout, faire mal ou se faire mal, dévaster , exagérer sans raison, tout faire tomber sans état d’âme… peut-être simplement pour voir la tête que feraient les « autres »? En imaginer la possibilité , ou – pire – en avoir envie, n’est-ce pas un peu inquiétant? C’est toute la malice et la force de cette oeuvre : réussir à concrétiser un fantasme de dérèglement et d’inconséquence avec élégance et sang-froid…

     

    Les vidéos de Cécile Benoiton refusent l’hésitation. Elles narguent les limites sans bégayer, marquant un refus obstiné de s’accommoder des règles de bienséance ou de la chute des corps (du corps…), des lois prédéfinies par l’espace social ou environnemental, des cadres tracés par une autorité dont l’identité varie selon le degré d’acidité de chaque oeuvre Dans «Beurre » ou dans «Neige », une action très simple et quotidienne (beurrer une tartine ou monter des blancs d’oeufs en neige) se heurte au seuil de la raison: au fur et à mesure que la matière s’amoncelle ou déborde, la bonne humeur installée par l’ambiance burlesque laisse place à l’incompréhension. Une tâche élémentaire, familière et éminemment anodine transgresse sans en avoir l’air une convention des plus intransigeantes: celle du bon-sens, de la logique. Comme si, finalement, le pire était dans l’absolue gratuité de l’abus, ravageur qui plus est, vers une forme de déraillement…Dans « Plume » , « Déferlente » ou « oeuf » , la plaisanterie est mi-destructrice, mi-taquine. Rien -sinon l’épuisement même du mouvement en soi- ne vient arrêter la combustion de la plume, l’écrasement brutal de l’oeuf ou l’éparpillement des couverts au sol. L’art a pris le droit de faire…

    Chaque vidéo repose sur une mise en scène minimale et généralement silencieuse (les rares bandes-sons se ressentent d’un point de vue tactile, comme des matières ou des textures), ne tolérant aucun décor ni bavardage, qu’il soit décoratif, chromatique (le noir et blanc ou la monochromie sont de rigueur) ou sonore. Les cadrages serrés interdisent toute dispersion du regard. La scène filmée, réduite à l’essentiel de l’action par un seul plan-séquence ou par un montage discret, laisse le minimum de place et de temps à la narration: soigneusement détachée de tout contexte, elle ne propose, en termes d’ailleurs, qu’une déstabilisation de nos codes comportementaux…Elle ne rapporte rien, ne se souvient pas, ne projette pas, ne raconte pas non plus…Elle joue: le débordement, l’excroissance, une forme de monstruosité subtile, le basculement, l’outrance. Étrangement, elle se suffit dans sa sobriété factuelle et formelle pour dire l’éparpillement par la concision. Une contradiction qui fonde l’entreprise ambigüe de Cécile Benoiton: mener sagement à bien une oeuvre turbulente…

    Ce jeu de (dé)construction suppose la mise en présence de trois éléments indissociables: un objet, une contrainte, et leur confrontation (le sujet de l’oeuvre). La dynamique de transformation et de bouleversement qu’opèrent les vidéos présente par ailleurs un agencement élémentaire, en trois temps: présentation, action, constat-conclusion.

    L’ objet semble toujours lié à une fonction ou activité humaine. Il peut appartenir à un registre corporel (un pied , un visage-image dans « Magazine » ou un oeil-caméra dans « Sentier inattendu »), être d’origine alimentaire (du beurre, de la farine , du blanc d’oeuf ou un liquide blanc évoquant le lait dans « Le chercheur d’or » ), voire instrumental (des accessoires ou outils comme une épingle ou un morceau de fusain dans « Obstacle à l’horizon » et « Cheveux »). Il possède des particularités physiques et des spécificités de matière permettant sa métamorphose (le visage devient souvenir d’un visage dans « Autoportrait à la farine »), sa chute (les restes de poupées décapitées s’entassant les unes sur les autres), son épuisement (la cheville vacille irrémédiablement vers la douleur ou la malformation dans « Pise ») ou son écoulement (un liquide blanc dégoulinant de poches enflées, ou une mousse à l’aspect organique dont on n’apprivoise plus l’expansion tentaculaire ): l’objet de base, comme substance, doit pouvoir se mouvoir (surtout se laisser mouvoir), rendre possible sa propre mutation, son déplacement. En effet, l’intervention humaine va provoquer une invasion du champ visuel par l’éclatement de cette matière première, en la confrontant à un obstacle sans lequel elle n’existe pas vraiment: les parois d’un saladier, la peau , le sol, un vêtement dans « Sentier inattendu », une chevelure dans « La Tour Eiffel » ou un bocal dans «Des têtesquitombent »… Il faut bien distinguer l’objet qui, dans les travaux d’autres artistes, peut se présenter comme une prothèse, une extension de l’empêchement, de celui qui, dans ce travail, participe de l’oeuvre sans la fonder. C’est dans la nature équivoque de la rencontre que le sujet prendra toute sa mesure.

    Intentionnelle, méticuleusement préparée, la collision est toujours provoquée et mise en oeuvre par la personne de l’artiste (une main – parfois visible, suggérée ou prolongée par un ustensile comme l’éponge – dessine, verse, tape, frotte…). Il s’agit de souligner le caractère délibéré de l’acte. Souvent, l’objet – comme un acteur capricieux – oppose une résistance inadéquate au moment du tournage, quand ce n’est pas le support qui se dérobe. Après les nombreuses répétitions, il faut encore jouer et rejouer la scène pour que la confrontation trouve son expression la plus juste. Les inondations, les écoulements, les entassements et autres accumulations doivent arriver « comme il faut ». Les déformations et les écrasements, les disparitions, les effacements et les dispersions doivent « fonctionner ». Aucune impression de labeur ne vient pourtant affecter la contemplation des vidéos: l’absence de trucage ou de simulation ancre l’action dans une réalité incontestable. Cela est bel et bien arrivé. Cela se peut… Et Cela nous emmène dans des anti-chambres de la sensation « dégoût » ou de l’émotion « amusement ». A côté…Dans des sphères de la conscience (ou de l’inconscience?) où la motivation d’un acte n’est plus la question. Il y a certes une filiation cinématographique burlesque – la drôlerie dans l’absurdité – mais ici, l’accident , justement, n’en est pas un. L’incident relève de l’initiative. Et comme si cela ne suffisait pas, il semble fondamentalement démotivé (il n’a pas de fonction dénonciatrice ou symbolique, ni aucune revendication sexuée, même si l’usage de certains outils ménagers peut amener certains à cette fausse appréhension du sujet). Désintéressé, voire complètement immotivé…

    Le noeud du malaise est là: nous sommes en présence d’un « pourquoi? » et d’un « pour quoi faire? » qui n’iront pas plus loin. Dans les autoportraits, le regard droit, fixe et insolent de l’artiste ne nous désigne-t-il pas ce « cul de sac » mental au fond duquel elle nous pousse et vers lequel nous nous laissons guider sans protester? Pourrait-on également envisager d’ y lire une mise en demeure, un défi à la disparition par l’envahissement qui regarderait plus vers la menace d’une absence que vers nous ?

    Gisèle Bonin – décembre 2008

    ***********

    Prestations de l’Association OÙ

    EXPOSITIONS, ÉDITIONS, WORKSHOPS, CONCERTS, PERFORMANCES, LECTURES, CONFÉRENCES, SPECTACLE VIVANT, DANSE, PROJECTIONS, CONVERSATIONS, DÉAMBULATIONS URBAINES, DESIGN, ARTS DE LA RUE, ETC…

    Contact :

    OÙ bureau – Permanence 152 rue Paradis 13006 Marseille, tous les jours sur rdv
    T : 06 98 89 03 26
    F : 04.91.81.64.34
    M : [ounousecrire@club-internet.fr]
    W : [http://www.ou-marseille.com/] ; [http://www.cnap.fr/ou-lieu-dexposition-pour-lart-actuel] ; [http://www.marseilleexpos.com/?page_id=3068]

    OÙ lieu d’exposition pour l’art actuel – 58 rue Jean de Bernardy 13001 Marseille. Horaires et jours d’ouverture jeudi-samedi _ 16h-19h, et plus selon les événements in situ. Espace d’expérimentation et d’exposition, de résidence atelier/logement.

    OÙ Galerie Paradis – 7ème étg 152 rue Paradis 13006 Marseille. Ouvert tous les jours même le dimanche. Passez directement, sonnez à Association OÙ 1er étg, ou téléphonez au 06 98 89 03 26. Galerie privée non subventionnée.

    OÙ et L’Aventure – Place des Cèdres 58 bis Boulevard Bouge 13013 Marseille Malpassé. Œuvres éphémères dans l’espace public, visibles 24/24, 7/7. Exposition dans l’espace public. M°Malpassé.

    OÙ résidences d’artistes :
    OÙ résidence Atlantique – 37 rue de la Semie 40130 Capbreton.
    OÙ résidence Méditerranée – 58 rue Jean de Bernardy 13001 Marseille.
    Espaces d’expérimentation, de résidence atelier/logement.

    OÙ en tournée – Hotel Burrhus Supervues Vaison la Romaine (84), HLM (13), Galerie du 5ème Marseille (13), etc …

    ***********

    Axelle Régine GALTIER

    Présidente et responsable de la programmation artistique des espaces d’exposition
    [<http://www.facebook.com/axelle.galtier?ref=tn_tnmn>]

    Présidente et membre coresponsable des projets de l’association Perspective Trouble
    [<http://www.verif.com/societe/ASSOCIATION-PERSPECTIVE-TROUBLE-794538447/>]

    Trésorière et membre coresponsable des projets du réseau associatif Marseille expos [<http://www.marseilleexpos.com/>]

    Présidente et membre actif de Take Off Production – Association des Arts du spectacle vivant
    [<http://www.manageo.fr/fiche_info/508670429/36/take-off-production.html>]

    ***********

    Plus d’informations

    association loi 1901, expérimente trois espaces d’exposition à Marseille – OÙ lieu d’exposition pour l’art actuel dans le 1er arrd, OÙ et L’Aventure dans le 13ème et OÙ Galerie Paradis dans le 6ème – et deux lieux de Résidences d’artistes à Marseille et Capbreton.

    Depuis le 1er mai 2000 l’association donne à voir le premier projet OÙ lieu d’exposition pour l’art actuel dans le quartier Palais Longchamp – la Friche 13001 – “Ceci n’est pas une galerie – Leslie Compan Le lieu d’exposition de la rue Jean de Bernardy, semble paradoxalement se situer dans un territoire indéterminé qui serait peut-être celui de l’art contemporain. Aménageant les possibles, OÙ est un territoire où se déterminent simultanément les espaces de création et des temps de regards. Mais la quête d’une quatrième dimension, d’un espace-temps nouveau n’a rien de fictionnel. Ancré dans les réalités économiques et laborieuses de la création et de l’exposition, le lieu travaille à exploiter les contraintes. Renversant alors l’énoncé, OÙ interpelle : jusqu’où ces réalités peuvent-elles mener ? Lieu où les expositions se succèdent à un rythme effréné depuis l’an 2000, OÙ accroche et décroche des expositions individuelles ou collectives présentées pendant quatre semaines. Entre deux expositions ne s’écoule généralement pas plus d’un week-end. Mais ceci n’est pas non plus une machine : ce qui motive ce rythme relève davantage de la volonté de refléter le bouillonnement créateur des artistes, la dimension active de leur travail en tant que réalité trop souvent oubliée. OÙ est avant tout LE lieu où l’on produit pour expérimenter, pour engager une quête artistique parfois inattendue. Les expositions présentées provoquent avant tout la rencontre entre les productions formellement différentes et un large public. Sans titre, sans thématique qui orienterait la lecture du spectateur et surtout sans opposition, ce choix tient du démantèlement des systématismes généralement exploités par les commissaires d’exposition. Ici, les travaux artistiques sont présentés pour ce qu’ils sont et pour un potentiel qu’ils ne soupçonnent pas eux-mêmes. Subtilement poussés à dépasser leur démarche respective, les artistes présentent ainsi des oeuvres dévoilées dans leur simplicité et valorisées dans une force singulière. Pourtant, la cohérence et l’unité nous touchent ici au plus profond et de manière si naturelle que la formulation même de leur explication est difficile. Et c’est sans doute là que se situe l’abolition même des automatismes thématiques ou visuels du commun des expositions. Les accrochages sont envisagés contre la facilité et le conventionnalisme, tout en rendant naturellement sensible le travail même de celle ou celui qui l’a pensé.”

    En 2013, le 11 mai, l’association développe le deuxième projet OÙ et L’Aventure 58 bis Boulevard Bouge dans le quartier Malpassé 13013 Marseille. Espace de diffusion artistique s’inscrivant dans l’espace public avec des expositions et des déambulations urbaines. Un rendez-vous qui mêle les arts de la rue et arts plastiques, est donné. Cet engagement est un moteur de régénération urbaine, musée à ciel ouvert en plein coeur des quartiers Malpassé 13ème jusqu’à Palais Longchamp – la Friche 1er. De quoi faire éclater le carcan des disciplines artistiques (ici, on n’imagine de formes que collaboratives, qui se fichent d’appartenir à un quelconque champ de la culture). Au commencement de cette propagation artistique, le point « OÙ et L’Aventure » à Malpassé 13013 Marseille, un volume de ciment, reste d’une oeuvre de Richard Baquié, l’Aventure, désormais détruite par manque d’entretien. Une dialectique le lie au terminus « OÙ lieu d’exposition pour l’art actuel » 13001 Marseille. Effectivement, tandis qu’à Malpassé l’espace et les murs extérieurs sont investis des interventions des artistes, le lieu d’exposition OÙ offre la visite d’une exposition dans l’espace et les murs intérieurs. Ces « murs » deviennent un creuset de « situations » et espace d’hospitalité. Les artistes participant aux projets invitent le visiteur à dialoguer, à inventer, à se déplacer, à produire, à tester.

    Et c’est en novembre 2014 que l’association inaugure un troisième espace d’exposition OÙ Galerie Paradis. Le lieu est mis à disposition d’un commissaire artiste pour une durée de deux ans, qui lui ré-attribue un nom, un fonctionnement et une programmation spécifique de son choix. La galerie de 5,5m2, située 152 rue Paradis 6ème arrondissement dans le quartier chic de Marseille, avec une vue incroyable, est un espace intime et personnel dominant la ville, autre fois chambre de bonne. Cela veut dire qu’on ne peut pas tout montrer, cela veut dire qu’on optimise un lieu avec toutes les choses que l’on a apprises et expérimentées pour donner un sens certain, tout au moins voulu, ardemment souhaité, à des oeuvres qui n’auraient peut-être jamais été vues dans d’autres circonstances.

    Partenaires : www.fidmarseille.org / www.esba-lemans.fr / www.actoral.org /

    ***********

    Share on FacebookTweet about this on TwitterGoogle+Email to someonePrint this page