L’objet est flou. C’est un centre commercial à l’américaine : une boîte fermée à l’urbanité introvertie. C’était la mode dans les années 1970. La ville qui n’en avait pas était « has been ». La position de ce genre de programme est ici très inconfortable : entre Cours et Jardin, Cul de Palais et petits gratte-ciel, limité en hauteur pour pas cacher la Bonne Mère depuis l’autoroute, et le sous-sol miné d’archéologies.
Nicolas Mémain
Centre Bourse et autres lieux
Katharina Schmidt
du 14 mai au 15 juin 2009
Printemps de l’art contemporain 2009
Nocturne le 14 mai jusqu’à 22h
Performance Balade
proposée par Nicolas Mémain
le samedi 16 mai 2009.
Rendez-vous à 15 h à l’angle de la rue Tapis Vert et du cours Belsunce.
Renseignements / réservations :
04 91 91 50 26 / 06 15 07 06 13
Edition : Centre Bourse, Katharina Schmidt
210 mm x 297 mm, 64 pages, trilingue
textes : Nicolas Mémain, Camille Videcoq, Katharina Schmidt
traduction : Stefan Kaempfer, Mitch Cohen et Holly Dye
graphisme : Gerd Fleischmann et Katharina Schmidt
Navado Press, Triest
Editions RLBQ, Marseille
2008
lancement à Berlin le 30 avril 2009, à la Galerie M+R Fricke
lancement à Marseille, le 14 mai 2009, à RLBQ
Centre Bourse et autres lieux
Katharina Schmidt
du 14 mai au 15 juin 2009
Pour le projet Centre Bourse et autres lieux Katharina Schmidt s’est intéressée à un « monument » singulier de l’architecture contemporaine Marseillaise, un centre commercial qui a vu le jour en 1977, flanqué de trois grandes tours, dites les Labourdettes, du nom de l’architecte auteur de ce programme.
L’ensemble connu sous le nom de Centre Bourse est le sujet d’une série d’aquarelles réalisée par Katharina Schmidt dans un style ultra réaliste, pour servir de base à deux propositions « site spécifiques » jouant sur la confrontation et l’interaction entre une représentation-signe et les propriétés d’un espace donné : l’installation exploite les qualités singulières du lieu d’exposition d’RLBQ, ancien appartement situé au premier étage d’un vieil immeuble du centre ville, à quelques pas du Centre Bourse ; l’espace du livre qui lui est associé permet de souligner le caractère accumulatif et séquentiel de la série, exacerbant la nature ambiguë de ces images, qui empruntent simultanément au registre du document et à celui de la marine, entre archive du patrimoine architectural contemporain et coffee-table book.
La démarche de Katharina Schmidt s’appuie sur une pratique du dessin et de la peinture qui embrasse des formes et des techniques aussi diverses que des figures stylisées, formes géométriques issues de l’architecture ou symboles évoquant l’univers du graphisme industriel ou publicitaire, souvent réalisées par ordinateur et imprimées sur différents supports (papier, murs, vitres, vêtements ou rideaux), des vues de paysages urbains, d’une précision photographique, à l’aquarelle comme pour la série Centre Bourse, au crayon gras, pour la série La Grande Motte, réalisée en parallèle, des peintures sur toile aux limites de l’abstraction, où la rigueur objective d’interventions au pochoir est perturbée par le déploiement d’un réseau de lignes aléatoires.
Katharina Schmidt explore les ressources symboliques et formelles de ces représentations en les soumettant à des opérations de reproductions, répétitions, jeux d’échelles, superpositions, rythmiques entre vide et saturation. Dans l’exposition Centre Bourse et autres lieux, les images sérigraphiées, agrandies et démultipliées investissent l’espace à la manière d’un papier peint, détournant le registre décoratif du motif au profit d’une dialectique ouverte entre intérieur et extérieur, espace urbain et espace domestique, sphère publique et sphère privée. Si l’espace tend à être redéfini par l’agencement des images et des signes qui le recouvrent, il se révèle en retour dans sa matérialité par la manière dont ses caractéristiques propres déterminent l’agencement et la découpe du motif. En filigrane de cette logique paradoxale, la ville apparaît comme le lieu par excellence où se confrontent la dimension générale et abstraite de la représentation – le plan urbain comme projection d’un idéal rationnel de l’espace collectif, et la nature foncièrement complexe et anarchique d’une réalité urbaine, dynamique et entropique, en continuelle métamorphose au gré des ratages et des usages.
Camille Videcoq
Artiste d’origine allemande, Katharina Schmidt vit et travaille entre Marseille, Toulouse et Berlin.
Elle est représentée par la Galerie M+R Fricke à Berlin.
Son œuvre est documentée sur le site : www.documentsdartistes.org/schmidt
Nicolas Mémain, artiste, archiviste-activiste, gonzo-architecte et spécialiste chevronné du patrimoine architectural de Marseille et sa région, est reconnu nationalement pour ses balades architecturales inoubliables.
Parmi ses récents projets, mentionnons sa performance en collaboration avec Denis Moreau
« Ils œuvrent et nous désœuvrons » (2008) dans le cadre de l’exposition « Play Time » autour de la ZAC Paris Rive Gauche (13ème) proposée par Béton Salon – centre d’art et de recherches.
Nicolas Mémain est l’auteur d’un texte publié dans le livre Centre Bourse de Katharina Schmidt. Il est également le fondateur et animateur du projet Marseille 2013 – Plateforme indépendante d’appel à projets pour la future capitale européenne de la culture. www.marseille2013.org