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  • Björn Dahlem, Christoph Draeger, Cyrille C. de Laleu, Dominique Angel, Emmanuelle Bentz, Frédéric Vaësen, Laurent Terras
  • Machination
  • Dominique Angel, Richard Baquié, Emmanuelle  Bentz, Cyrille C. de Laleu, Björn Dahlem, Christoph Draeger, Lydie Jean-Dit-Pannel, Pierre Malphettes, Pascal Navarro, Laurent Terras, Sophie Urbani, Frédéric Vaësen, Raphaël Zarka

    Initiant la programmation envisagée pour les nouveaux espaces de Vidéochroniques, le projet Machination réunit une douzaine d’artistes sous la forme d’une exposition collective élaborée autour d’une figure-symbole de la modernité, celle de la machine.

    Idéalisée par les futuristes italiens qui n’ont cessé de la représenter ou d’en représenter les effets (prolongeant en un sens les intuitions d’un William Turner), érigée au rang de modèle par le constructivisme russe, abordée pour le moins concrètement par un Calder ou un Tinguely, malmenée par des artistes proches du mouvement contre-culturel comme Ant Farm, cette figure de la machine fut en un sens réactivée à la fin des années soixante avec l’apparition de la vidéo dans le champ de l’art, puis avec la déferlante des dites « nouvelles technologies » quelques décennies plus tard. Associée à la notion de reproductibilité, centrale notamment dans le pop art, la machine aura également modifié en profondeur les conditions de production et le statut de l’œuvre, écorchant au passage le mythe de l’œuvre unique, réalisée à la main de surcroît.

    En regard d’une sérieuse transformation de leur pratique et à mesure de développements techniques sans précédents, ces artistes-là n’ont cessé de relayer sur leur propre terrain les questions relatives au « phénomène de mécanisation », soulevées ailleurs au plan sociologique, philosophique, politique, économique, éthique, ou déjà écologique.

    Le domaine des transports, de la voiture plus précisément, est à plusieurs titres emblématique de ces développements et de la profonde mutation de la société qu’ils ont accompagné.

    Qu’on pense par exemple à la mythique Ford modèle T et à son prix modeste, qui destinait « la machina » au plus grand nombre mais supposait une contrepartie moins philanthropique, une organisation du travail nouvelle destinée à réduire les coûts de sa production, et à achever la révolution industrielle par la même occasion. L’ouvrier pouvait désormais goûter aux joies des ballades sur quatre roues le dimanche tandis que le reste du temps ses gestes se spécialisaient, s’appauvrissaient et se systématisaient derrière d’autres machines assemblées en chaînes de montage. Enthousiasmantes par certains aspects (distances diminuées, confort augmenté, temps gagné, perception enrichie, etc.), les conséquences de ces développements en la matière se sont avérées moins réjouissantes à l’usage (temps perdu, risques accrus, environnement détérioré, etc.).

    Dépassant largement le cadre de cette référence à l’automobile, à l’heure ou les produits de la modernité s’entassent dans les casses, les vide-greniers et les marché aux puces, il apparaissait opportun que cette exposition revienne à travers une sélection d’œuvres actuelles sur les ambiguïtés ou les contradictions que suppose cette figure – tour à tour amie et ennemie – de la machine : entre libération et aliénation, utopie et faillite, adhésion naïve et distance critique, haute technicité et bricolage, panne et perfection, progrès et régression, pragmatisme et merveilleux…

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