Pour Sarkis, « l’exposition n’illustre rien, c’est une histoire visuelle ». Un assemblage vivant, chaque fois renouvelé, d’éléments d’un vocabulaire construit autour de l’exil, de la mémoire, de l’objet, de la lumière et de l’espace, empreint de filiations choisies, de partage d’humanismes et de transmission.« Les œuvres se déplacent avec leurs expériences. Les expériences deviennent la mémoire. Chaque œuvre a sa mémoire – qui s’enrichit perpétuellement d’un lieu à l’autre, d’un pays à l’autre. » Eclairée par un néon rose traçant les mots « le cri du paysage », l’exposition s’articule autour d’une série d’aquarelles reprenant Le Cri de Munch – œuvre emblématique et fondatrice dans la pratique de Sarkis – aquarelles accrochées, en hauteur, sur leur reproduction en posters de grande taille. Dans l’espace de la galerie, une table en bois recouverte de journaux placés sous un ventilateur et retenus par des briques : De la terrasse de l’homme qui regarde le paysage est née sous forme d’aquarelle dans l’atelier en 1992 ; l’œuvre est réalisée aujourd’hui à Marseille dans sa forme originale, pendant que l’une de ses « mises en scène » est montrée actuellement à la Biennale de Lyon. Le Cri du paysage réunit des œuvres de factures différentes en une installation qui convoque des notions chères à l’artiste : la concentration sur le sujet et sa mise en abîme dans la figuration aquarellée des rideaux de scène (Munch, quatre aquarelles encadrées sur posters) ; l’interprétation de l’œuvre au regard de l’espace qui l’accueille, ici, la galerie (De la terrasse de l’homme qui regarde le paysage) ; la lumière dans sa qualité picturale (Le Cri du paysage, néon) ; enfin, la mise à distance physique (la table) et psychologique (la mise en abîme) qui, dans l’imaginaire de Sarkis, confère aux œuvres et aux objets la valeur d’icônes.