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  • Anke Doberauer
  • Anke Doberauer
  • Loup, huile sur toile, 210 x 125 cm, 2004

    Anke Doberauer est peintre. Elle peint à l’huile des œuvres figuratives que l’on peut aisément inscrire dans l’histoire académique et dans ses genres, le portrait, le nu, le paysage… C’est précisément à partir de ce travail de la continuité — peindre des marines parce qu’on habite au bord de la Méditerranée, oser portraiturer les touristes de Montmartre parce qu’on est en résidence près de la place du Tertre… — que naissent les discontinuités et c’est dans l’interrogation de cet antagonisme que s’affirme avec force toute la contemporanéité de l’œuvre d’Anke Doberauer.

    Le choix d’œuvres montrées dans l’exposition rassemble uniquement des portraits, un « genre », donc, qui semble évident, mais qui est, justement, discuté par l’artiste. Ainsi, au-delà de simples « portraits », Anke Doberauer préfère dire de Yorgo ou de Loup qu’il s’agit de « tableaux d’hommes en pied ». Subtile distinction, qui exprime sa volonté de dépasser la stricte imitation.

    Car Anke Doberauer peint l’être, l’humanité, soulignant cette puissance spirituelle d’un fond coloré à la manière des icônes antiques. La présence forte de ses œuvres tient sans doute pour partie à cette majesté officielle avec laquelle elle dépeint des rois anonymes, à la lumière surréelle qu’elle projette sur des ombres de la rue (Ibrahim, Mata, Mamadou, les vendeurs à la sauvette dans leur arche de peinture), à la posture étonnante qu’elle choisit pour ses portraits « en bleu de travail »…

    Dans cette série au bleu uniforme justement, des détails interpellent, matérialisant l’éternel désaccord de l’identité sociale et de l’individualité : une cravate, une chemise, un sourire ou un froncement de sourcils. Et puis, au milieu des neuf hommes de la série, tous membres de l’équipe d’entretien de l’école des Beaux-Arts de Marseille où l’artiste est alors en résidence, il y a une femme. Sculpteur, elle est également en résidence au sein de l’école, et porte donc son habit de travail, un travail physique et salissant. Et voilà que, à nouveau, le doute est introduit par une question de genre. Ici, le genre masculin ou féminin.

    On pourrait dire peut-être de l’œuvre d’Anke Doberauer qu’elle tient toute entière dans cette subversion du point de vue, dans ce bouleversement des catégories, qui lui confère une portée politique, et, surtout, une dimension fondamentalement humaniste.

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