JULIEN SALAUD
Né en 1977, vit et travaille à Orléans.
Loin des pratiques humoristiques ou canailles qui fleurissent dans l’art contemporain, le travail de Julien Salaud est tout au contraire habité par une forme de gravité profonde, merveilleuse et mystérieuse. Pour le comprendre, il faut revenir à cette essence ontologique de l’art, à sa vocation à nous connecter au monde, à rendre conceptuellement possible notre cohabitation avec les forces supérieures qui nous entourent et nous gouvernent, en un mot : à créer une liaison symbolique avec la nature. Ce lien, dans le travail de Julien Salaud, se construit avec la présence de l’animal. Pas cet animal domestiqué qui fait office dans nos demeures de meuble amélioré doué d’une certaine autonomie, objet des attentions les plus régressives… C’est bien de l’animal sauvage dont il s’agit ici, celui qui fascine l’homo sapiens depuis les âges les plus reculés de notre conscience. L’animal divin, « étranger à des interdits qui limitent à la base la souveraineté d’un homme ».(1)
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(1) Georges Bataille, L’érotisme.
Gaël Charbau, pour le salon de Montrouge 2010.
Julien Salaud s’intéresse autant à la survie des espèces animales et végétales en voie de disparition qu’à la fabrication de créatures célestes, chimères faites d’oiseaux et d’insectes, composant ainsi un bestiaire magique – qui nous permet de faire face à un retour du règne animal, puissant et mystérieux. Jan Fabre ou Thomas Grünfeld sont des figures tutélaires pour l’artiste, dont la pratique touche à l’ornementation, la broderie, le travail des perles ou encore l’enluminure. Des activités rares dans la scène artistique actuelle, qui rendent ses œuvres profondes d’autant plus étranges et précieuses.
Texte de présentation de l’exposition « Songe d’une araignée nyctalope » au Module 3 du Palais de Tokyo, 2010.