LOOP FAIR 2011 BARCELONA

19-21 Mai

BOUCHRA KHALILI

THE MAPPING JOURNEY PROJECT (2008-2011)

Pour sa deuxième participation à Loop International Art Fair, la galerieofmarseille a choisi de présenter l’intégralité de la série The Mapping Journey Project, réalisée par Bouchra Khalili entre 2008 et 2011. Cette série constituée de 8 vidéos explore les trajets clandestins en Méditerranée, de Marseille à Ramallah, de Ramallah à Bari, de Bari à Rome, de Rome à Barcelone, et de Barcelone à Istanbul.

Lors de Loop 2008, la galerie avait présenté les deux premiers films qui inauguraient le projet.

Depuis, des étapes intermédiaires ont été montrées dans une exposition personnelle de Bouchra Khalili à la galerie en 2008, à l’occasion de plusieurs foires, notamment Volta 5 Basel (2009), ainsi que dans différents centres d’art et musées, dont récemment à la 10^ème Biennale de Sharjah, au Studio Museum à New York, à INIVA (Londres), et à La Fondation Gulbenkian (Lisbonne).

En 2010, la galerieofmarseille a également co-produit la première monographie de Bouchra Khalili, Story Mapping, invitant les auteurs Philippe Azoury, Pascale Cassagnau, et Omar Berrada à participer à la production d’un appareil critique et prospectif autour de cette jeune artiste.

Tournés entre 2008 et 2011, les 8 vidéos qui composent le projet Mapping Journey visent à “cartographier” des voyages clandestins dans l’aire Méditerranéenne. Ces dérives épousent celles de l’artiste, qui a voyagé de Marseille à Ramallah, puis de Bari, à Rome, de Rome à Barcelone, et de Barcelone à Istanbul.

Tournées en plan-séquence, chacune des vidéos s’attache à la confrontation entre un trajet singulier et la normativité de la cartographie. La grande frontalité du dispositif déploie ainsi la complexité d’un parcours alors même qu’elle s’exprime sur le support le plus schématique, dévoilant une “carte de la carte”, une carte à venir, dont les tracés sont à lire littéralement comme un récit.

Ce travail s’articule ainsi entre territoires et récits, trajets géographiques et dérives, pour donner à voir « la réalité radicale d’une situation économique et culturelle, sans qu’aucune possibilité de la fuir ne nous soit donnée. L’exil est ici la condition politique sine qua non de notre existence. » [1]

Les 8 vidéos de la série forment ainsi un ensemble, qui dévoile une carte invisible, celle des routes clandestines en Méditerranée, une carte qui est aussi la traduction temporelle de ces récits, où l’existence se trouve en état de latence, irrémédiablement soumise à l’attente.

Mais la série est aussi une sorte de collection – au sens de la collecte – d’existences clandestines, inspiré par ce que Michel Foucault avait écrit à propos de La Vie des Hommes Infâmes, ces hommes qui vivent à la périphérie sociale, politique, territoriale, et qui sont un jour pris dans les filets de l’arbitraire du pouvoir. De ce point de vue, le projet Mapping Journey peut se lire comme une « anthologie d’existences, une « anthologie d’existences clandestines [dont] les vies singulières, (sont) devenues, par je ne sais quels hasards, d’étranges poèmes »[2].

[1] Elvan Zabunyan : Mapping Journey de Bouchra Khalili. Texte pour le catalogue de l’exposition Tarjama/Translation, Queens Museum of Art, New York City, 2009.

[2] M. Foucault, La Vie des hommes infâmes, Cahiers du chemin, n° 29, janvier 1977, pp.12-29.

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