Du 07/03/2012 au 17/03/2012
En résidence du 01 mars au 22 mars 2012 chez OÙ – Marseille (Contact : yasblum99@hotmail.fr)
Installation in situ du 07 mars au 17 mars 2012 – de 15h00 à 19h00 – en présence de l’artiste
vernissage le 10 mars à 19h00 – concert de Jules Bernable & Seb Chan-Pao – Duo contrebasse/cordes frottées
Jules Bernable (http://laforcemolle.org/) & Bim Jonhson (http://www.myspace.com/oapnaq)
Le jeudi 08/03, mardi 13/03 et jeudi 15/03 de 15h00 à 18h00 – Concert/performance de Bertrand Wolff/Yasmine Blum
pour une personne et uniquement sur réservation au 06 25 61 42 76 / <www.http://daath.org/>
Avec le soutien de la Ville de Marseille, du Conseil Général 13, du Conseil Régional PACA et des membres de l’asso OÙ
Texte de Yasmine Blum
Issue d’une double culture, on me demandait parfois si je me sentais plus proche d’un côté que de l’autre. Je répondais que je me sens proche de n’importe quel métissage : lorsque je dis métissage, je dis : mélange des civillisations, confrontation des dogmes, mutation des genres.
J’ai toujours trouvé porteur d’être de ceux qui doivent composer avec des contradictions -l’ambivalence se faisant lieu de mon identité- j’y ai développé une petite métaphysique des paradoxes.
Travailler sur la chimère, c’est une manière -spectaculaire- d’articuler cet ordre d’idée.
Dans le cadre de ce thème, l’érotisme questionne le rapport à l’autre, dans ce qu’il a de plus effrayant et attractif et raconte un aller-retour entre l’effroi et l’attirance.
Il est ici une représentation de cette opposition, et de la question de l’intégrité du corps et de ce qui le corrompt -ou de ce que je peux ressentir comme étant de la corruption : l’accouplement est déjà une représentation monstrueuse.
La figure animale, récurrente, me vient d’abord de la fascination que j’ai du vivant et plus particulièrement de l’entomologie.
Une étude préliminaire se passe à la bibliothèque, à faire des études d’insectes ou de créatures des abysses ; Je travaille ensuite d’après modèles vivants, pour faire enfin la synthèse de ces deux esquisses à main levée.
La chimère mi-homme mi-animal renvoie à la charge archaïque des échanges amoureux, gestatifs et maternels ; la figure animale est libératrice.
Ce travail, lorsqu’il est diffusé, se présente comme une collection.
A l’époque des foires aux monstres comme celle de Barnum, on prenait des restes d’animaux divers pour composer de fausses chimères.
Je reste dans cet ordre d’idée, bien que le dessin soit mon support de prédilection.
Formellement, je confronte une forme que j’essaie délicate (trait fin, préciosité du support), et un thème violent et dérangeant (la charge archaïque et dévorative du rapport amoureux, maternel, gestatif).
Je n’utilise pas de crayon au préalable, pas de gomme, je travaille directement à la pointe fine : l’erreur et la répétition donne un sens et un rythme à mon dessin.
L’erreur m’est nécessaire, elle est un propos qui rejoint le travail autour du monstre.
Les cabinets de curiosités, ancêtres du muséum, collectionnaient des objets hétéroclites et inédits, mêlant sciences et croyances populaires. Ici, la science et la méconnaissance s’unissent et donnent à voir une mythologie biologique, célébrant la beauté du vivant et l’ignorance, ou plutôt la perception de cette beauté lorsqu’on n’en connaît pas les mécanismes.
Quelque soit la précarité des circonstances, il me sera toujours facile d’obtenir un crayon et un support ; tout le monde peut dessiner, sur le sable, sur une vitre embuée, avec ses pieds, un moignon ou la bouche.
Le dessin ne requiert pas de forme d’intelligence particulière -les idiots dessinent- et m’inscrit loin dans l’histoire de l’expression et dans mon histoire la plus ancienne, avant même ma mémoire.
Mon cursus est simple : tous les enfants dessinent, et puis cessent à un moment. Je n’ai juste jamais arrêté.
Présentation du projet
Se questionner autour de cette figure, celle du monstre, qui fascine, qu’on rejette et qu’on fabrique, c’est se poser la question de ce qui constitue une société et autour de quels sacrifices elle se construit.
Formellement, mon travail va puiser littéralement dans des livres de science, dans des images du réel ; que ce soit le monstre des abysses, le monstre humain ou l’acte monstrueux, toute ma production sera concentrée autour de ce thème. Celui de la catastrophe nucléaire ou de l’agent orange m’interroge autant sur le résultat (déformations du corps humain) que les circonstances dans lesquelles elles ont eu lieu ; ici, la substance tératogène a été inventée par l’Homme, qui se modifie lui-même. La manière dont celui-ci agit sur la nature me semble être une forme d’auto-régulation ou de suicide organisé et inconscient. Loin d’en faire un propos politique, je m’appuie sur ce réel pour créer une narration ou une imagerie dégénérée, que je raconte sur plusieurs plans (macroscopique, physique) et sur plusieurs modes (figuratif, ou pas), et par plusieurs médiums (dessin, broderie, installation).
Je vais étendre la résidence à toute la durée de l’exposition : l’accrochage ne sera jamais définitif, le travail toujours en cours, dans une forme libre et ouverte à des interventions extérieure et des expériences, plastiques, sonores et corporelles.
Dans le cadre de cette recherche, je propose des rendez-vous où le corps du spectateur sera intégré dans une expérience de massage/chorégraphie, accompagnée d’une pièce sonore jouée, où via sa propre chair, le spectateur recevra diverses informations dont il ne sortira probablement pas exactement le même.
En échange, comme tout rite ou procédé thérapeutique, il devra donner une chose en échange, et écrire quelques lignes de cette expérience.
Cet univers s’articule autour d’une certaine mystique, autant par la manière de procéder (recherche d’un état second pendant la création) que dans le propos ; il va fouiller dans tout ce qui est archaïque (peur, mémoires) et se nourrit des restes de traditions religieuses diverses et de mon intérêt pour le rituel païen.
Il y a une volonté de mise à distance avec toute forme de croyance et de prosélytisme, tout en faisant le lien entre des disciplines telles que la création, la science, la thérapie ou la transe.
Tout l’intérêt que je porte à la mystique et à l’ésotérie est la poésie qui s’en dégage et les incroyable formes plastiques et formelles qu’elles peuvent prendre parfois, lors de rites, de processions ou d’objet de culte.
Loin d’être crédule, cet éclectisme rejoint la philosophie du doute, la « zététique », nous interrogeant sur toutes les modes médicales, inventions de termes de maladie, théories scientifiques qui n’ont jamais été validées mais qui sont enseignées; tout ce champs sensible et intellectuel va au final nourrir une narration dégénérée, mutante, en général sous forme dessinée, d’objet détourné ou d’installation scénique, reprenant le thème du cabinet de curiosité et de sa mythologie du savoir.
CV
Yasmine Blum, née le 07/02/1980 à Aix-en-Provence
DNAP, école d’art d’Avignon, 2005
<yasblum99@hotmail.fr> / 06 25 61 42 76
site : http://yasmineblum.free.fr
2012
Mars : Exposition chez OÙ lieu d’exposition pour l’art actuel, Marseille
Avril : Exposition personnelle au lièvre de mars, Marseille
Octobre : Exposition personelle aux «Bons week-end», Marseille
2011
Janvier/février : Exposition « Entrailles » à la galerie « the box in paris », en binum avec l’artiste Adéla Vondruskova
Mai : Exposition/installation « Wilkommen » à l’Atelier Claris Garnier, Paris (collaboration avec la cie de l’individu)
Juillet : Exposition collective « Tissus, sex toys et autres oeuvres », (cabinet de curiosité), galerie le bois des fées , Vergoignan
Artwork pour « Simiam Lucis »
2010
Avril : Intervention plastique et performance « This is Texas », Sport-spectacle dans le cadre du festival art et terrorisme, l’Embobineuse, Marseille
Juin : Exposition/installation « Metamorphosis », théâtre des bancs publics, Marseille, (collaboration avec la cie de l’individu)
Octobre : Exposition collective, « Aquarium », galerie du collectif E3, Arles
Artwork pour le groupe « Bim Johnson »
2009
Mars : Exposition personnelle au lièvre de Mars, Marseille
Mai : Exposition collective à la Bergerie, Marseille
Décembre : Exposition collective « Abies Amabilis », collectif E3, Arles
Artwork pour le groupe de musique « Das Simple »
2008
Décembre : Création de décors et performance « combat des origines » et « terreur de l’immédiat », Sport-spectacle dans le cadre du festival art et terrorisme, l’Embobineuse, Marseille.