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  • FRP2 Normal Generic Landscapes – Project Room : LUC SCHUHMACHER Nous le savions. Au fond, les vagues sont seules
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    Normal Generic Landscapes

    Project Room :

    LUC SCHUHMACHER

    Nous le savions.

    Au fond, les vagues sont seules

    (English and italian version on the bottom)

    Par Gabriele Francesco Sassone (novembre 2011)

    « Le projet « Normal Generic Landscapes » naît du besoin d’évaluer de façon critique le moyen même d’expression propre à la recherche artistique des FRP2 : la photographie.

    Le rapport entre Espace et Individu, élément central de leur recherche artistique, est analysé par le prisme du langage photographique. Dans cette nouvelle perspective de travail, le Paysage, conçu comme une portion de l’Espace infini, devient un élément défini par les facultés de l’observateur, celles du spectateur.
    Celui qui observe l’Espace, à travers son champ visuel, en établit les limites extrêmes, le Début et la Fin. Ce qui est compris dans cette portion tout arbitraire, équivaut au concept courant de « réalité ». Bien que la technologie permette de la modifier, en ajoutant et en enlevant des éléments, le regard essaie toujours de déchiffrer l’énigme.

    Les œuvres des FRP2 visent à s’exprimer dans cette dimension subtile. Après avoir exploré la
    dynamique des conséquences issues de la « congélation » du temps, dans les séries Atto, les deux artistes décident désormais de se dédier à l’étude de l’Espace, y trouvant d’une certaine manière
    beaucoup plus d’ambiguïté.

    Puisque l’individu contemporain s’est adapté à une réalité visuelle conventionnelle, l’expérience de ce qu’il regarde tous les jours – jardins, rues, monuments – ne le surprend plus. Les FRP2 veulent altérer ce mécanisme perceptif en décomposant sa structure. La proximité des éléments qui forment nos
    paysages, urbains ou naturels, peut être modifiée par la photographie. Des végétaux provenant
    d’écosystèmes lointains les uns des autres, des architectures de différentes villes, se retrouvent ainsi dans une portion d’espace nouveau, dans un « Paysage Générique Normal ».

    De ce fait, lorsque le degré de ressemblance avec ce que nous avons vécu devient très haut, cela génère un court-circuit dans notre perception rétinienne. Le balancement et la coexistence d’éléments étrangers, repris par les deux artistes avec une forme d’obsession littéraire, atteignent dans «Normal Generic Landscapes» une dimension de normalité alternative. Ce que d’abord notre regard puis notre cerveau finissent par ne plus pouvoir déchiffrer. »

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    Non/Communiqué de presse.

    Par Pauline Colonna d’Istria et Luc Schuhmacher

    L.- Quand il a été question d’écrire un texte de communiqué de presse pour cette exposition, j’ai pensé à Pauline Colonna d’Istria. Pour des raisons bien personnelles. Nous nous sommes donné rendez-vous chez elle un soir. Je lui ai formulé ma demande. Je voulais qu’elle se sente libre. Qu’elle prenne du plaisir à l’écriture. L’idée plaît à Pauline. Elle me dit qu’elle en a envie, elle dit que ce texte, nous le ferons ensemble. Nous nous reverrons pour en parler.

    P.- Luc, je ne peux donner que des bribes.

    Biographie

    P.- Luc Schuhmacher vit et travaille à Paris une œuvre sonore.

    L.- Je suis né à Cannes en 1983. Après deux courts passages d’abord en faculté d’Arts Plastiques à Paris VIII puis, aux Beaux-Arts de Paris. Sans diplôme, ni même une première année validée. Je me suis remis et livré à l’extérieur, hors des cadres scolaires, pour me retrouver seul avec mon travail. Parti à sa recherche depuis, je vis et travaille toujours à Paris.

    C’est bizarre, rien ne vient. Tout ça prendra son chemin. Me présenter. Par où commencer. Par où je commence. Je sais qu’un jour je terminerai, un jour je serai livré aux vivants, à ceux qui auront un souvenir de moi. Un souvenir vague. Au fond, nous le savons, les vagues sont seules.

    Le communiqué de presse

    P. – Ce qui est – communiqué – ne compte pas.

    L.- Je lui ai raconté mon horreur des communiqués de presse. Ces communiqués parfois emmurés par des mots compliqués, suivis d’autres mots, encore plus compliqués. Bien souvent, je ne comprends plus, le texte ne parle pas à mes yeux, de ce que je viens de vivre ou de voir.

    Ne parle pas à mes yeux. Un texte qui ne dit rien. Aux yeux fermés. Ces mots morts, ses mots emmurés vivants. Ils auraient aimé vivre, beaucoup, mais pas comme ça. Pas à cette place. A une place qui est la leur. A cette place qui les fait vibrer, raisonner comme autant d’instruments aux bois nobles. Un orchestre, un texte. Un mot – Un instrument parfaitement accordé –Vivant, en accord avec les autres.

    Les bribes

    L.- Un mot que Pauline a choisi pour parler de mon travail. Sur les bribes, je n’écrirai pas.

    P.- Luc Schuhmacher / LA PAROLE À L’œuvre

    De l’art contemporain, Luc Schuhmacher en provoque le silence. Un espace s’ouvre au regard pour le perdre ; la gageure est dans l’écoute.

    Une voix se donne – à entendre.

    L’air de rien. Sans donner l’impression d’en avoir conscience, l’artiste déjoue à tous coups, les codes de ce qui se donne aujourd’hui à voir – et à vendre.

    À ses expositions, il choisit pour titre de donner des phrases. Déployant contre le mot court, qui se retient, qui s’exporte, qui se mange, le temps long d’une histoire qui s’engage. Luc Schuhmacher parle une histoire à l’h minuscule – que tout le monde oublie – où se dit la sexualité, la maladie, la rencontre, la mort, le souvenir. Un “je” à rebours du lyrisme du moi. L’artiste orchestre un choc des voix sans ouvrir l’évidence d’un espace de l’intime.

    Le spectateur, invité à choisir d’écouter ou pas, ne sait plus ce qu’il est.

    Le fond des choses est hors de portée dans cette œuvre de la matérialité du dire.

    Dans ses dessins, ses films, ses installations, sur son papier recyclé, au creux des objets, une parole est à l’œuvre qui brouille toutes les cartes. Le flux d’une conscience. La mer n’est pas un hasard.

    L’Art

    L.- Voici livrées à vous, sur ce papier, ces bribes écrites par Pauline Colonna d’Istria. Au regard de celles-ci et de leur histoire dont, la seule bribe partagée sera celle-là : « Luc, je ne peux donner que des bribes. »  Les attentes de notre monde, l’optimisation de chaque chose, l’optimisation du temps de la nature y compris des êtres et même, bien trop souvent, de l’Art – pourraient nous faire honte.

    L’Art de partir à sa recherche. En faire la rencontre. De lui à nous.

    R-M Rilke parlait de la solitude des œuvres d’art. Aux yeux de ses mots, je réalise pourquoi je n’aime pas les vernissages. On y rencontre des gens, qui nous donnent leurs cartes ; on échange toutes sortes de choses. Des cartes, des impressions, du savoir. Mais on ne peut être seul avec une œuvre. Au vernissage, il y a ce marché autour et ses bruits. Le marché de l’art. Ce n’est pas une critique. Le travail de collectionner ou de vendre des pièces n’est simplement, pas le mien.  Etre présent à un vernissage, il est vrai est une preuve de soutien à l’artiste. Personnellement, je m’y rends quand je connais l’artiste, la personne. Mais mon soutien aux artistes que je ne connais pas, certains d’ailleurs sont morts. Et ce moment passé seul – Avec leur travail. Une pièce, un être. Observer sa vibration, partager sa solitude un instant dans l’espace d’exposition. Seul, ensemble. Puis, la ramener avec moi. Dans cette grande maison qu’est ma mémoire.

    Je ne sais pas encore si je serai présent au vernissage en janvier à côté de mon travail. Au fond, je préfèrerais vous laisser seul, avec lui.

    La mer

    P.- La question du sens se repose – la mer – au creux – les vagues – d’élans qui ratent – la mère.

    L.- La mer fait ce qu’elle peut. Elle est en proie au vent à la lune qui la fait monter ou descendre. Elle est juste la mer. Ma mère à moi fait ce que qu’elle peut aussi. Sous la surface de nos échanges, il y a tout un monde. Au fond, dans les abysses il y a son histoire. Cette histoire qu’elle a le droit de ne pas vouloir remuer, de ne pas vouloir y plonger, pour  y remonter des choses à la surface. C’est l’histoire de beaucoup d’entre nous. Je pense qu’elle comprendra, si elle voit cette exposition, que l’installation, « Nous le savions. Au fond, les vagues sont seules », ne parle pas d’elle mais de moi. De mon désir de la voir autrement qu’éprise aux intempéries des mots des autres. De la savoir heureuse.

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    « The Normal Generic Landscapes’ project is born from FRP2’s necessity to confront themselfs again with photography, the medium they had explored in the past series and works.

    In this particular series they choose to work on the relationship between space and human being. In this sense, FRP2 define the concept of landscape as a portion of space determinated arbitrarily by the observer or by the fruitor.

    Anyone looking at space delineate its bondaries, where It begins and where it ends. Everything that is enclosed with in becomes our concept of reality. Despite technology allous for a manipulation of reality, adding or subtracting elements, the eye can not solve the dilemma. The FRP2’s images walk on this thin line.

    After focusing on the concept of “Freezing time” in the series Atto, FRP2 decided to study the liminality of space in “Interiors and NGL” where the level of ambiguity between what is real and what is not is much more persistent than in any other previous work.

    Considering that the contemporary individual is addictid to the artificial- parks, streets, monuments, trees-, what he everyday beholds, that’s not surprising him anymore. FRP2 wants to destort this
    visual perception, separating and shaking the elements of lansdscapes. The contiguity of elements, natural or not, can be altered with photography. Huge trees coming from unknown ecosystems and
    enormous buildings can coexhist in the same portion of space, can join a new generic lanscape. When the
    verosimilitude of this vision coincides with our individual background, we find ourself unable to
    decipher the new code of FRP2’s reality. »

    By Gabriele Francesco Sassone (November 2011)

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    « Il progetto Normal Generic Landscapes nasce dal bisogno di confrontarsi con il mezzo che
    contraddistingue la ricerca artistica di FRP2: la fotografia.

    All’interno di questo linguaggio espressivo è indagato il rapporto tra
    spazio e individuo. In questo senso il paesaggio, inteso come porzione di uno
    spazio infinito, è un elemento definito dalle facoltà dell’osservatore.

    Chi guarda lo spazio, attraverso il suo campo visivo, ne stabilisce gli
    estremi. Dove inizia e dove finisce. Ciò che è compreso in questa porzione, del tutto arbitraria, equivale al nostro concetto di “realtà”. E nonostante la tecnologia
    permetta di manipolarla, aggiungendo o sottraendo dei dati, l’occhio tenta sempre di risolvere l’enigma. Le opere di FRP2 vogliono percorrere questo limite sottile.

    Dopo aver approfondito le dinamiche che derivano dal congelamento del tempo, con le serie Atto et, gli artisti hanno deciso di dedicarsi allo studio dello spazio poiché, qui, il livello di ambiguità è maggiore.

    Considerando che l’individuo contemporaneo è assuefatto dall’artificialità, l’esperienza di ciò che
    guarda ogni giorno – parchi, strade, monumenti – non lo sorprende più. FRP2 vogliono alterare questo meccanismo percettivo scomponendone la struttura. La prossimità degli elementi che compongono i nostri paesaggi, urbani o naturali, può essere modificata grazie alla fotografia. Vegetali provenienti da ecosistemi lontani, o edifici di città diverse, convivono in una nuova porzione, un nuovo paesaggio generico. Di conseguenza, quando il grado di verosimiglianza con quanto abbiamo vissuto è molto alto,
    nella nostra fruizione si crea un cortocircuito. Il bilanciamento e la coesistenza di elementi estranei, trapiantati dagli artisti con una maniacalità letteraria, raggiunge in Normal Generic Landscapes una dimensione di normalità alternativa. Che il nostro occhio prima, e il nostro cervello poi, non sanno più decifrare. »

    Da Gabriele Francesco Sassone (Novembre 2011)

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