Du 03/05/2012 au 02/06/2012
Exposition du 3 mai au 2 juin 2011
Vernissage mercredi 2 mai 2011 à 18h30
HLM, 20 rue St Antoine, 13002 Marseille
Avec des oeuvres de Tim Braden, Sophie Bueno-Boutellier, Cécile Dauchez, Guillaume Gattier, Theo Michael, Lidwine Prolonge, Fabrice Samyn, Analia Saban et Jocelyn Villemont.
L’exposition « Les Possédé(e)s » propose d’observer l’œuvre d’art comme le lieu de la négociation entre deux voix dissonantes, celle du monde et celle de l’artiste, à travers l’allégorie du médium. Le médium, personne « capable de percevoir les messages des esprits des défunts », réalise la prouesse de pouvoir parler pour autrui, à charge bien entendu d’en convaincre son public. Il se confronte à la difficulté de retranscrire le plus humblement possible ces voix qui lui sont étrangères : mais ce faisant, il construit paradoxalement une pratique d’auteur, l’éloignant de son simple rôle de serviteur.
La question n’est alors pas tant de savoir si le médium dit vrai, que de comprendre par quels moyens et par quelles stratégies il met en œuvre son discours. La chimère d’une vérité artistique objective a été globalement écartée depuis les années 60: depuis, l’art cherche plutôt à restituer la complexité croissante de nos subjectivités, face à la déliquescence d’un ordre mondial jadis unique. L’artiste s’affirme comme une sorte de traducteur d’expériences, dont seule la virtuosité peut permettre de juger de sa position d’imposteur ou de démiurge, à l’image d’un médium particulièrement possédé par les esprits qui l’animent.
Pour l’exposition ont été choisies des œuvres qui témoignent de cette tension auteur / serviteur : la parole de l’artiste joue à cache-cache avec ce dont il se réclame. Héritiers d’une histoire de l’art séculaire (Analia Saban, Theo Michael), observateurs des civilisations (Jocelyn Villemont, Tim Braden), portes-paroles critiques de sociétés secrètes (Lidwine Prolonge, Guillaume Gattier), agnostiques mystiques (Sophie Bueno-Boutellier, Fabrice Samyn) ou numériques (Cécile Dauchez), les artistes, tels des possédé(e)s, s’expriment souvent pour quelque chose ou quelqu’un d’autre, mais finissent toujours par avoir le dernier mot. Quand dans l’œuvre, point culminant de la schizophrénie médiumnique de l’artiste, arrivent à se combiner subjectivité et vérité universelle jusqu’à l’indifférenciation, elle fait alors taire le temps d’un instant, le violent larsen de nos dissemblances.
Dorothée Dupuis