Exposition VOLUPTÉ aux Galeries Lafayette Hors les Murs de OÙ du 08 janvier – 30 mars 2013
Horaires d’ouverture : Du mardi au vendredi de 14h à 18h et le samedi de 11h à 19h – Entrée libre
GALERIES LAFAYETTE MARSEILLE SAINT FERREOL – 40 – 48 rue Saint Ferréol – 13001 MARSEILLE
Vernissage le 07 janvier de 18h00 à 21h00.
Grégory Le Lay
«Les chasseurs de vide»
2012, encre sur papier 20/30
(La volupté de tuer by André Dax, 1922)
Grégory Le Lay, vit aux Açores. Né le 05/10/1977.
TEXTE DE PEDRO MORAIS
Dans notre imaginaire du monde rural, il y a souvent l’idée d’authenticité, du culte des origines, accompagnée d’une idéalisation du rapport à la terre comme étant plus proche de notre propre nature. Le problème c’est que notre nature à nous, elle n’existe pas, et reste condamnée à s’inventer dans l’incertitude et le bricolage avec le monde. Quand il a expérience, il y a nécessairement déplacement, désapprentissage, transformation.
Grégory Le Lay a ramené une plante des Azores, un archipel portugais en plein Atlantique où il s’est installé récemment. Il s’agit de la longose (Hedychium gardnerianum), une plante dite décorative qui recouvre le paysage de l’archipel de ses belles fleurs jaunes très parfumées. Mais rien n’est ce qu’il paraît. La longose n’a pas toujours fait partie de ce paysage dit intemporel, elle est originaire de l’Himalaya et n’a été introduite sur les îles qu’au milieu du XIXème siècle, devenant par la suite envahissante et agressive pour les autres espèces. La nature voyage donc. Et cache parfois son désir de conquête derrière une beauté ornementale. Devenue plante non gratta sur l’île, l’artiste l’a fait ainsi voyager encore une fois et introduit maintenant cette peste végétale en milieu climatisé, celui de l’art contemporain.
L’exposition suinte le monde rural et l’agriculture comme rarement dans une galerie. Mais plutôt que bucolique et pastoral, son univers décèle une solitude anti-héroïque, faite de temps morts, d’ennui rayonnant, d’effacement de soi pour ne devenir qu’une éponge, d’où le titre de l’exposition. Il y a donc de la terre, mais en attente, non cultivée. Les pommes de terre, percées par des crayons, ne servent ici qu’à former une représentation inachevée de l’atome. Il y a une veste aux motifs maritimes qui ne garde que la trace d’une activité agricole absente. Il y a des branches d’arbre bien coupées et alignées pour un brasier qui ne viendra pas. Les gestes répétés deviennent ici la trace d’un labeur plus silencieux, à l’intérieur de soi, rendu possible dans cette île par l’enfermement en plein air et l’incompréhension de la langue parlée par ses habitants. Les sacs de nourriture pour animaux, posés à l’entrée de la galerie, sont remplis de vide, de ballons de baudruche. Il n’y a parfois pas de quoi se nourrir d’autre que de soi-même, de sa capacité à inventer un monde à soi à partir du nôtre. Pour la série des “Chasseurs de vide”, Grégory Le Lay redessine des vieilles gravures de représentations héroïques de la chasse et de la pêche, en y introduisant une forme géométrique blanche à l’endroit de la proie. La bravoure est ici ramenée à sa dimension pathétique, ou alors, il s’agit de partir en conquête de tableaux monochromes, d’un monde redevenu un langage abstrait.
Sur un dessin, deux dindons sont entourés d’un paysage géométrique, avec croquettes volantes et troncs d’arbres carrés, comme une projection de ce qui serait leur regard kaléidoscopique. Les animaux sont d’ailleurs très présents dans le travail de Grégory Le Lay, non pas sous le mode de la fable mais comme des animaux de compagnie sauvages. Il s’agit moins de parler leur langage que de vivre avec eux. Posé sur un socle blanc, un tronc d’arbre déjà mort est devenu la caserne d’une armée de fourmis, accompagné d’un gâteau posé là comme une exhortation à leur envahissement de l’espace.
Les animaux sont encore au centre de la vidéo “L’Enclos” où il transforme la cour d’une ferme en théâtre sonore où se confondent les bruits de la route avoisinante, ceux des chèvres et la symphonie du chaos créée par un ensemble de personnes réunies dans ce cercle, plongées dans un autisme que n’est autre que la célébration muette de l’invention d’une communauté. Une famille où tout repose sur l’écoute et la tentative de créer des accords dans le désordre pré-existant. L’invention à plusieurs de cet espace, plutôt que de produire un enfermement, cherche à bricoler un nouveau langage pour l’écoute des autres et du monde qui les entourent.
Il n’y a donc pas de hasard si Grégory Le Lay a choisit d’habiter une île. Quand l’espace paraît se rétrécir, l’horizon est à perte de vue, partout. Et pour voir cela, il n’est même pas nécessaire d’ouvrir les yeux, il suffit d’écouter le sol. Sur une image de presse agrandie, placée dans la galerie comme une énorme pancarte, il est question d’une coulée de boue qui a détruit une partie des habitations et des cultures de l’île, ce qui rappelle inévitablement son caractère volcanique encore en activité. La violence de la terre sur laquelle nous posons nos pieds, son mutisme consentant, se réveille de temps à autre pour rappeler le chaos permanent sur lequel nous essayons de construire nos certitudes, nos structures, nos vies. Avec la violence d’un enfant, le travail de Grégory Le Lay est alors cette lave qui réveille l’espace, avec de la terre, des fourmis et de la mélancolie volcanique.
Pedro Morais
Grégory Le Lay – Expérience professionnelle
2009 :
-Tournage du film concert pour 50 chèvres
– Exposition collective « DRIFT » Galerie MK2, Londres
-Intervenant artistique au CCAS de Menton, création d’un spectacle « cabaret-sonore »
2008:
-Exposition personnelle « WAIKIKI DOG PERFORMANCE », Bordeaux
-Exposition personnelle « PRISONERS OF DIMENSION 0 » Galerie STAALPLAAT, Berlin
Diplômes :
-2003: Diplôme National d’Expression Plastique (DNSEP) avec mention, école nationale supérieure des beaux arts de Marseille
-2001: Diplôme National d’Arts Plastiques (DNAT) avec félicitations du jury, école nationale supérieure des beaux arts de Marseille
-1998: Brevet de Technicien maquettiste au lycée Marie Curie, Marseille
Dates de concerts et performances 2005/2010:
2010:
-Concert: Pierre Chiffon et Barry Wet à l’ Entropy, Marseille
-Live radio, sur Radio Galère Coq à l’âme et dames aux lits
-Intervention performance dans le cadre du festival ART et TERRORISME à l’ Embobineuse, Marseille
2009:
-Concert avec les pensionnaires du CCAS de Menton
-Concert SIROP A OISEAU JAUNE, Sonothèque DATA, Marseille
-Performance sonore à la galerie MK2, Londres
-Concert de musique improvisée à l’ Embobineuse, Marseille
2008:
-Concert à l’espace 44, Paris
-Performance sonore avec le label STAALPLAAT à Berlin