Du 23/03/2013 au 11/05/2013
MARTINE FEIPEL & JEAN BECHAMEIL
Un Monde Parfait
Project Room :
CATHERINE LORENT
Réminiscences Réactivées
Une exposition Labellisée dans le cadre de Marseille Provence 2013 – Capitale Européenne de la Culture
Martine Feipel & Jean Bechameil ont représenté le Pavillon Luxembourgeois à la dernière Biennale de Venise 2011.
L’exposition intitulée ‘Un monde parfait’ portera sur l’architecture moderniste et ‘utopiste’ des années 50-70, et plus spécialement sur les habitations sociales de cette époque ; les Grandes Ensembles. Programmés et imaginés pour répondre à la crise du logement et au besoin d’une grande collectivité, ces cités sont devenues des monuments symbole d’une génération et d’une époque. Leurs démolition ou leur rénovation sont souvent l’enjeu de débats et de polémiques. En même temps que leurs occupants semblent développer un lien presque patrimoniale, on voit certaines communes pressées d’en finir avec ce qui est pour elles « une zone à problèmes ».
Lors de nos recherches nous avons souvent été confrontés à des immeubles vétustes et mal entretenus. Une infrastructure générale laissée à l’abandon. Alors que le discours des architectes et des urbanistes de l’époque promettait un monde parfait, moderne, beau et fonctionnel. Dans ce décalage entre les idéaux de l’époque et la réalité d’aujourd’hui se crée un sens qui nous affecte profondément.
Stigmatisés comme des ghettos, qui seraient dû à leur architecture répétitive et dénuée de poésie, ils ont une place dans l’imaginaire de la ville qui fait peur. Du haut de leurs étages ils lancent un regard de défi à qui voudrait s’y attaquer. Leurs mille fenêtres, leur hall d’entrée dégradée, leurs antennes satellites et leur masse imposante donne à voir une image du logement collectif qui s’est subitement ternie en une génération.
Ce vieillissement rapide se fait en parallèle d’une certaine vision de la fin des utopies du social et du collectif et vient souvent servir de preuve aux contestataires de cette forme architecturale et à ceux qui réclament leur démolition. Les dynamitages des barres et des tours se succèdent un peu partout en Europe et finissent par faire disparaître toute cette vie dans un nuage de poussière. Alors que nous traversions les banlieues nous regardions au dessus des murs anti-bruits des autoroutes surgir des bâtiments et nous nous demandions combien d’entre eux allaient disparaître…
Nous nous sommes mis à chercher des plans et des documents qui raconteraient leur naissance et leur construction. C’est alors que nous nous sommes rendus compte que ces bâtiments qui datent du milieu des années 50 jusqu’à la fin des années 70 avaient tous été conçus avant le dessin par ordinateur. Ils avaient été dessinés à la main, à partir de croquis au crayon, qui promettaient un avenir radieux à des immeubles visionnaires.
Sur les cartes postales et les photos de l’époque on voit des jeunes couples avec enfants qui allaient bientôt s’installer derrière les centaines de fenêtres pour pouvoir collectivement goûter aux joies du confort moderne. On observe aussi tous ces enfants en train de s’amuser au pied des tours. Autour d’eux c’est encore bien vide et c’est sans doute ce qui a le moins changé : C’est toujours aussi vide.
Pour nous il s’agit de montrer les grands ensembles et leurs transformations dans le temps. La vision de ces bâtiments modernes fait que nous sommes envahis d’une étrange sensation de dépossession de la réalité. Un sentiment tragique nous gagne à travers la déconstruction d’un monde qu’on avait l’impression de connaître mais qui n’est plus.
A travers l’exposition ‘Un monde parfait’ nous cherchons à reprendre ces problématiques et à montrer de façon métaphorique ce monde idéal en bouleversement dans toute sa fragilité.
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Project Room :
CATHERINE LORENT
Réminiscences Réactivées
Catherine Lorent représentera le Pavillon Luxembourgeois à la prochaine Biennale de Venise 2013.
Dans le cadre de Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture, la Galerie Gourvennec Ogor, en partenariat avec la Mission culturelle du Luxembourg en France, a invité l’artiste luxembourgeoise Catherine Lorent à investir sa « project room ». Une première occasion pour l’artiste, née en 1977 à Munich et représentant le Grand-duché de Luxembourg à la Biennale de Venise 2013, de présenter, en France, son travail dans un tel contexte.
Catherine Lorent s’intéresse, dans ses créations, à de multiples supports : peinture baroque ou peinture plus provoquante, sculpture ou encore installations sonores et performances expérimentales. Egalement musicienne, elle donne, dans le cadre de son projet musical Gran Horno, des concerts, souvent en lien avec ses expositions, comme ce sera le cas lors du vernissage à Marseille. L’opulente imagerie allégorique ainsi que l’art baroque, dans le sens large du terme, constituent un système de références essentiel dans la création de Catherine Lorent, auquel s’ajoute des influences en provenance des univers héraldique, heavy metal ainsi que de la culture contemporaine, conférant à son œuvre un caractère d’autant plus distinctif.
L’installation sonore RéminiscencesRéactivées, conçue pour l’espace de la Galerie Gourvennec Ogor, est une synthèse de deux projets : l’exposition Réminiscences censurées présentée en 2012 au Centre des Arts Pluriels d’Ettelbrück CAPe (Luxembourg) et l’installation réalisée pour la « project room » berlinoise tête (2012). Au centre du dispositif se trouvent les instruments préparés – ici une guitare électrique – tantôt dressés, suspendus ou couchés sous un dais carré, l’ensemble étant complété par plusieurs dessins abstraits de l’artiste. Cette installation, mettant en scène l’ensemble de l’espace, interpelle le visiteur aussi bien visuellement qu’acoustiquement, ce dernier déclenchant, sans le savoir, un détecteur de mouvement. Cette action active un champ magnétique dans l’archet électronique fixé à la guitare, provoquant la vibration d’une corde et générant une atmosphère mystique et surréelle.
A l’origine du « décors » (Lorent) flottant, un post-it sur lequel l’artiste a retranscrit le fameux carré magique qu’Albrecht Dürer fait apparaitre derrière l’ange, dans sa gravure Melencolia I de 1514. Selon l’enseignement astrologique, ce carré est associé au ciel de Jupiter, garant d’une bonne influence contre les forces dévastatrices – inertie, tristesse et morosité (auto)destructrice – attribuées à Saturne, « parrain » de la mélancolie. Catherine Lorent crée ainsi une sorte d’espace protégé, permettant au mélancolique, respectivement aux artistes, de s’engager dans un processus créatif original.
On retrouve également les post-it dans les œuvres sur support papier de Catherine Lorent. Ils y évoquent les quatre vertus cardinales prudentia, temperantia, fortitudo et justitia. Chacun d’eux est encadré avec un dessin représentant un arbre abstrait. Les mots étant barrés, ces œuvres, apparemment codées, semblent évoquer des souvenirs censurés – comme le suggérait le titre de l’exposition au CAPe. Les vertus seraient-elles des reliques inappropriées dans notre culture libérale capitaliste contemporaine? Apparemment non, puisque, par le simple fait de les exposer, l’artiste réactive ces souvenirs, comme l’affirme le titre utilisé pour l’installation à Marseille.
Un dernier post-it, que l’on ne peut apercevoir qu’avec une certaine aide optique, a été fixé par l’artiste au plafond de la galerie. Il apparaît ainsi comme le symbole d’une idée une fois notée, puis oubliée/refoulée, en attente d’être redécouverte.
Texte : Conny Becker
Traduction : Claire Angelsberg / Valérie Quilez
Catherine Lorent a étudié la peinture à la Staatliche Akademie der Bildenden Künste à Karlsruhe entre 1998 et 2003. Par ailleurs elle a également suivi des études d’histoire et d’histoire de l’art à la Sorbonne à Paris et aux universités d’Heidelberg et du Luxembourg. L’année dernière, elle a obtenu son doctorat en histoire de l’art. Catherine Lorent vit et travaille principalement à Berlin, où elle poursuit également son projet musical Gran Horno en tant qu’auteur-compositeur et interprète. L’artiste a déjà exposé en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, en Suisse, en Autriche et au Luxembourg. En 2011, Catherine Lorent a été nominée au Luxembourg pour le «Prix Robert Schuman » et a reçu le « Prix révélation 2011 ». Elle représentera cette année-ci le Pavillon luxembourgeois de la Biennale de Venise et figure parmi les artistes émergents les plus prometteurs.