MARTINE FEIPEL & JEAN BECHAMEIL : Un Monde Parfait
YIA Art Fair Paris
Espace Commines – 17 rue Commines 75003 Paris
La Galerie Gourvennec Ogor est heureuse d’annoncer sa présence à la prochaine édition de YIA Art Fair du 23 au 27 octobre prochain. (Espace Commines)
À cette occasion, la galerie montrera une incroyable installation monumentale des artistes luxembourgeois : Martine Feipel & Jean Bechameil.
Martine Feipel & Jean Bechameil représentaient le Pavillon Luxembourgeois à la Biennale de Venise 2011.
Martine Feipel est née en 1975, Jean Bechameil est né en 1964. Ils vivent et travaillent à Esch-sur-Alzette, Luxembourg.
Cette installation intitulée ‘Un monde parfait’ portera sur l’architecture moderniste et ‘utopiste’ des années 50-70, et plus spécialement sur les habitations sociales de cette époque ; les Grandes Ensembles. Programmés et imaginés pour répondre à la crise du logement et au besoin d’une grande collectivité, ces cités sont devenues des monuments symboles d’une génération et d’une époque. Leur démolition ou leur rénovation est souvent l’enjeu de débats et de polémiques. En même temps que leurs occupants semblent développer un lien presque patrimoniale, on voit certaines communes pressées d’en finir avec ce qui est pour elles « une zone à problèmes ».
« Lors de nos recherches nous avons souvent été confrontés à des immeubles vétustes et mal entretenus. Une infrastructure générale laissée à l’abandon. Alors que le discours des architectes et des urbanistes de l’époque promettait un monde parfait, moderne, beau et fonctionnel. Dans ce décalage entre les idéaux de l’époque et la réalité d’aujourd’hui se crée un sens qui nous affecte profondément.
Stigmatisés comme des ghettos, qui seraient dû à leur architecture répétitive et dénuée de poésie, ils ont une place dans l’imaginaire de la ville qui fait peur. Du haut de leurs étages ils lancent un regard de défi à qui voudrait s’y attaquer. Leurs mille fenêtres, leur hall d’entrée dégradée, leurs antennes satellites et leur masse imposante donne à voir une image du logement collectif qui s’est subitement ternie en une génération.
Ce vieillissement rapide se fait en parallèle d’une certaine vision de la fin des utopies du social et du collectif et vient souvent servir de preuve aux contestataires de cette forme architecturale et à ceux qui réclament leur démolition. Les dynamitages des barres et des tours se succèdent un peu partout en Europe et finissent par faire disparaître toute cette vie dans un nuage de poussière. Alors que nous traversions les banlieues nous regardions au dessus des murs anti-bruits des autoroutes surgir des bâtiments et nous nous demandions combien d’entre eux allaient disparaître…
Nous nous sommes mis à chercher des plans et des documents qui raconteraient leur naissance et leur construction. C’est alors que nous nous sommes rendus compte que ces bâtiments qui datent du milieu des années 50 jusqu’à la fin des années 70 avaient tous été conçus avant le dessin par ordinateur. Ils avaient été dessinés à la main, à partir de croquis au crayon, qui promettaient un avenir radieux à des immeubles visionnaires.
Sur les cartes postales et les photos de l’époque on voit des jeunes couples avec enfants qui allaient bientôt s’installer derrière les centaines de fenêtres pour pouvoir collectivement goûter aux joies du confort moderne. On observe aussi tous ces enfants en train de s’amuser au pied des tours. Autour d’eux c’est encore bien vide et c’est sans doute ce qui a le moins changé : C’est toujours aussi vide.
Pour nous il s’agit de montrer les grands ensembles et leurs transformations dans le temps. La vision de ces bâtiments modernes fait que nous sommes envahis d’une étrange sensation de dépossession de la réalité. Un sentiment tragique nous gagne à travers la déconstruction d’un monde qu’on avait l’impression de connaître mais qui n’est plus.
A travers l’installation ‘Un monde parfait’ nous cherchons à reprendre ces problématiques et à montrer de façon métaphorique ce monde idéal en bouleversement dans toute sa fragilité. »
Martine Feipel & Jean Bechameil (Février 2013)