Du 08/03/2014 au 13/07/2014
Harry Gamboa Jr., Gronk,Willie F. Herron III, Patssi Valdez. With works by Oscar Castillo, Cyclona, Jerry Dreva, Humberto Sandoval, John Valadez, Ricardo Valverde, Agnès Varda.
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Dans le cadre de la programmation 2014 du Cartel, Triangle France et le Chicano Studies Research Center à UCLA présentent ASCO and Friends: Exiled Portraits, la première exposition d’envergure en France d’ASCO, groupe d’artistes Chicano, actif à Los Angeles de 1972 à 1987.
Ayant pris toute son ampleur pendant le mouvement Chicano, le groupe pluridisciplinaire ASCO a eu recours à la performance, la photographie, le film, l’intervention urbaine et l’art public pour répondre aux inégalités politiques et sociales qui l’entouraient. ASCO, dont le titre signifie “nausée” en espagnol, s’est tout d’abord constitué autour des artistes Harry Gomboa Jr., Gronk, Willie F. Herrón III et Patssi Valdez avant d’intégrer un nombre fluctuant d’autres collaborateurs et d’amis parmis lesquels Diane Gamboa, Marisela Norte et Teddy Sandoval. Tout au long de la pratique diversifiée d’ASCO, le concept du portrait a fonctionné d’une manière « contre-intuitive » et transversale pour simultanément rejeter les systèmes d’effacement auxquels la communauté Chicano était soumise et créer des images documentant une situation d’exile urbain et d’invisibilité.
En se focalisant sur les travaux produits par le noyau du groupe, constitué des quatre membres fondateurs, cette exposition envisage les travaux conceptuels et expérimentaux d’ASCO du point de vue du portrait, de la communauté et de l’exil social, en explorant les dialogues visuels entre le groupe et d’autres artistes de la même génération et localité, dont Oscar Castillo, Cyclona, Jerry Dreva, John Valadez et Ricardo Valverde.
En réaction à l’absence d’imagerie liée à la communauté Chicano dans les médias, Asco s’est approprié les stratégies à l’œuvre dans le cinéma et a fabriqué des narrations alternatives par auto-documentation.
Ces images, construites et mises en scènes, sont empruntes d’une ironie certaine et sont mises en circulation dans le discours public, bien qu’étant créées à la périphérie d’une culture médiatique de plus en plus globalisée. Les travaux développés par ASCO ne revendiquent pas un espace neutre d’où les artistes pourraient proclamer une plus grande authenticité, se réapproprier des traditions perdues ou s’engager dans la représentation héroïque d’un peuple opprimé mais rebelle. Leurs images produisent en revanche un index répertoriant des mythologies individuelles au sein d’un ensemble inégal de relations de pouvoirs. Alors que cette ironie s’exprime différemment parmi les artistes du groupe et les amis avec qui ils ont collaboré, tous s’attachent à documenter quelque chose qui ne peut l’être : une politique et une poétique de l’effacement.
Dans leurs travaux, les artistes d’ASCO ont eu recours à la fois aux portraits publics et privés afin de construire des narrations fermées. Ils ont imaginé Los Angeles comme une toile de fond sur laquelle se documenter eux-mêmes et comme le terrain de performances.
Dans des travaux tels que Patssi Valdez with Self-Portrait (1972) de Harry Gamboa, Jr., Valdez est à la fois la personne assise, la performeuse, mais aussi l’auteure et le sujet de l’autoportrait à côté d’elle. Prise dans une rue, devant un mur couvert de graffiti, cette photographie révèle plusieurs niveaux de représentation ainsi que les interactions complexes présentes dans une image. De manière similaire, les portraits en intérieur réalisés par ASCO et leurs amis dépeignent des scènes « intimes » à la fois authentiques et artificielles, signalant ainsi l’espace privé comme étant un lieu où certains types d’images sont mis en scène avec différents niveaux de divulgation. Par exemple, NO MOVIE Six Chapters (1978) de Gronk rappelle à la fois la narration des films B et les premières photographies du corps masculin et évoque les problématiques du genre et de la sexualité, alors que les nus de Ricardo Valverde questionnent l’orthodoxie de la mise en scène des portraits de famille.
Dans les performances d’ASCO, la notion de portrait fonctionne souvent comme un mécanisme interne à l’œuvre. Il s’agit d’un protocole plus que d’une finalité.La construction du soi est mise en parallèle avec l’image mouvement et le processus de montage avec des œuvres reprenant la forme de fotonovelas (romans-photos) ou d’événements publics tels que les défilés de mode et les cérémonies de récompenses factices. Celles-ci référencent également de façon très forte la culture de la célébrité. Tout en créant des narrations conceptuelles, l’impact du groupe provient des affects associés aux films de genre hollywoodiens et de la manière dont cette industrie floute les distinctions entre la culture de la production, la publicité et la performance à l’écran. Les travaux d’ASCO élargissent un espace de représentation restreint, celui du cinéma et des médias de masse dont ils se sentaient exclus. Ils y intercalent un autoportrait souvent absurde, tout en jouant avec la flexibilité et des limites de ces contextes de production d’images.
Les œuvres rassemblées dans l’exposition ASCO and Friends: Exiled Portraits révèlent un intérêt plastique et conceptuel pour les questions de présence et d’absence au sein de la production du groupe et des amis artistes associés. La notion d’éphémère dans la pratique d’ASCO, incluant des concepts tels que la rumeur, l’insinuation, le ragot, supplante souvent la dimension factuelle dans la documentation photo de leur travail. Les œuvres d’ASCO apportent les preuves visibles d’événements, mais fonctionnent souvent plus comme une provocation que comme une vérité absolue ou empirique. Au travers de dialogues visuels créés entre leurs travaux et ceux de leurs amis, une représentation plus large de l’effacement de l’image et du déplacement du portrait émerge des moments au cours desquels ces travaux ont été réalisés.
Commissariat :
Céline Kopp, Chon Noriega et Pilar Tompkins Rivas.
Production :
Triangle France.
Co-production :
Le Cartel, fédération d’associations arts visuels basées à la Friche la Belle de Mai (avec ART-O-RAMA, Astérides, Documents d’artistes, Le Dernier Cri and Sextant & Plus),
The UCLA Chicano Studies Research Center (CSRC).
Partenaires
Ministère de la Culture, Direction Régionale des Affaires Culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur,
Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur,
Conseil Général des Bouches du Rhône,
Ville de Marseille,
Fondation d’entreprise Ricard,
Chateau La Coste.
Partenaires média :
COTE Magazine, Les Inrockuptibles, ParisArt, le Quotidien de l’Art.