Dans le cadre d’ART-O-RAMA 2014, salon international d’art contemporain
et l’exposition CE QUE RACONTE LA SOLITUDE présentée par le Cartel de la Friche et ART-O-RAMA :
ADRIA JULIA
à l’American Gallery – PROLONGATION DE L’EXPOSITION JUSQU’AU 29 NOVEMBRE 2014
Le point de départ de Ce que raconte la solitude, une exposition collective conçue par Elena Lydia Scipioni, est Marseille, ville de passage où de nombreux artistes et intellectuels en transit ont trouvé refuge durant la Seconde Guerre Mondiale. Une ville devenue pour eux un lieu d’échanges, de travail et de rêverie. Les rencontres quotidiennes, les differences mais aussi les convergences culturelles sont autant d’articulations autour desquelles l’exposition tisse les liens entre l’isolation, comme possible condition de créativité, et la résistance individuelle ou collective.
A cette occasion, le musée Cantini exposera en exclusivité le Jeu de Marseille (1941). Il s’agit de dessins pour un jeu de cartes né d’un échange créatif entre André Breton et d’autres artistes réfugiés à la Villa Air-Bel dans les quartiers est de Marseille. À travers ce jeu, s’affirment de nouveaux idéaux de révolution, d’amour, de rêve et de connaissance.
La Villa Air-Bel fut louée et habitée en 1941 par les membres du comité de sauvetage crée par le journaliste américain Varian Fry, qui a sauvé entre 2000 et 4000 artistes, littéraires, et militants anti-nazis en les aidant fuir l’Europe et le régime de Vichy. Plusieurs réfugiés échappés (Hannah Arendt, André Breton, Marc Chagall, Marcel Duchamp, Max Ernst, Jacques Lipchitz, Heinrich Mann…), ont pu refaire leur vie aux Etats-Unis, transformant à jamais la scène artistique américaine. La Villa Air-Bel, représentant un oasis de créativité dans une ambiance vichyste de peur et d’incertitude, est devenue aussi le paradigme d’un noeud entre Marseille, les Etats-Unis, et la culture.
Adrià Julià s’intéresse aux décennies qui ont précédé les évènements historiques sur lesquels se base l’exposition, et souligne ainsi le rôle clé de Marseille pour les artistes, intellectuels, acteurs et réalisateurs qui y ont séjourné. Le travail de Adrià Julià pour l’exposition consiste en une recherche des relations géométriques, spatiales et sociales d’une place publique à Marseille, décrite dans un texte de l’essayiste allemand Siegfried Kracauer. Soulignant les thèmes du jeu et de la créativité, l’artiste a fait graver 32 boules de pétanque avec des fragments du texte de Kracauer. Ces boules, produites spécialement pour cette exposition chez le fabricant artisanal marseillais La Boule Bleue, constitueront le script du film Square Without Mercy.
For this exhibition, the artist’s works are part of an ongoing investigation of an unnamed public square in Marseille described by Siegfried Kracauer in his 1926 essay « Two Planes, » which also appeared in Walter Benjamin’s writings on Marseille in 1929. The subject of the square was later part of their exchange of letters. The two writers met for the last time in Marseille in 1940 on their way to exile.
Pétanque balls were specially produced at the Marseille centennial factory La Boule Bleue. The artist used discarded balls on which were engraved fragments of the text, « Two Planes ». They constitute the script for the unrealised film Square Without Mercy.
Adrià Julià (1974, Spain) lives and works in Los Angeles. Julià’s practice engages with concepts of memory, resistance, displacement, survival and erosion. His videos, photographs and sculptural installations reconsider the limits of performance by setting history off against the present and examining the possible readings and interpretations of histories and societies. Julià’s most recent solo exhibitions include Dan Gunn (Berlin, Germany), Project Art Centre (Dublin, Ireland) and Museo Tamayo (Mexico City, Mexico). Julià has participated in group exhibitions at the Museum of Art (Seoul, South Korea), Lyon Biennale (France) and the Generali Foundation (Vienna, Austria), and in 2002 he was awarded the Altadis Prize.