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  • Fancony Pascal, Mathieu Aldric
  • Sur les murs la couleur!
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    Le duo Pascal Fancony/Aldric Mathieu repose sur un enjeu commun : questionner les processus de production de l’abstraction en ce début du XXème siècle, dominé par une profusion de l’image et de l’immatérialité.

    Tous deux restent sensibles au « fait concret », en particulier à ce qui fonde la construction des formes, leurs interactions avec la couleur et le matériau physiques, et le réel.

    Ils travaillent sur des « protocoles » comme le découpage, l’agencement, l’ajustement, la combinatoire, etc. Ils envisagent ainsi leur production comme un processus d’actions, de jeux de règles, dans une perspective de ré-inventer la peinture au-delà du tableau, une manifestation physique des matériaux, du mur et de l’espace. La vue de ces pièces empêche d’imaginer un clivage entre volume et planéité.

    Pascal Fancony a choisi de montrer aujourd’hui une activité de productions d’objets entre peinture et sculpture, qu’il désigne comme des « ajustements de matériaux-couleurs pour un nouvel alphabet plastique ». Ce ne sont pas des objets poétiques mais des modèles pour œuvrer à dénoncer le langage stérile d’un « lyrisme mou et obsolète» de l’abstraction actuelle.

    Aldric Mathieu, quant à lui, développe dans la suite de son projet radical de production de signaux visuels plus que de formes, un travail qui, issu du découpage des matériaux-couleurs usuels (actuellement le placo-plâtre peint), le conduit à construire des agencements élémentaires in situ, déclinant ces signes avec l’espace réel du mur.

    Nous pouvons dire qu’il y a chez ces deux artistes un retour à une sensibilité aux éléments matériels, à la matière première et aux outils techniques, sensibilité qui n’est pas moins inégale à la dé-sensibilité du monde extérieur (référence sans doute au rapport sensible pour les matériaux chez l’artisan) ; quelque chose, peut-être, de voisin de ce que Francis Ponge avait travaillé et abordé dans son texte « L’ Introduction au galet ». En somme, en le paraphrasant, ces praticiens travaillent pour changer les figures qui permettent de voir et de comprendre les choses de l’art ; les figures à proprement parler, non les idées.

    P.F. mars 2015

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