L’oeuvre de Bruno Le Bail explore avec une grande acuité notre manière d’appréhender l’histoire de la peinture – en revisitant le paysage ou la nature morte – et la mémoire toujours déformée de notre propre regard posé sur le monde.
L’œil rivé sur le sujet, l’artiste s’attache à perdre le support de vue de sorte qu’apparaissent à la surface de la toile des strates de tableaux superposées. A la manière de pop-up sur le web, la peinture de Bruno Le Bail se construit par atomisation, laissant surgir dans un même cadre de multiples fenêtres qui sont autant d’images d’espaces-temps différents.
Cette recherche trouve dans la ligne continue son fil conducteur. Dans cette œuvre résolument figurative qui interroge la possibilité du motif aujourd’hui, la ligne continue est un procédé de construction avec lequel l’artiste parvient à introduire concrètement le déplacement du corps dans la peinture. Ce protocole rend instable le sujet représenté en s’adossant aussi aux techniques de la photographie et du cinéma, à des moyens de reproduction du réel fixes et animés. L’œuvre dans sa décomposition méthodique révèle alors d’infinies variations, autant de mises à nue stupéfiantes de notre mémoire visuelle.