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  • Anne-Valérie Gasc, Damien Béguet Microclimat, Eric Baudelaire, Tania Mouraud
  • DISTORSIONS
  • À partir des œuvres de Tania Mouraud récemment produites sur les presses de l’atelier, Tchikebe a souhaité inviter Eric Baudelaire, Damien Béguet Microclimat et Anne-Valérie Gasc à investir des zones d’éditions qui privilégient des distorsions, des zones qui n’augurent rien de séduisant ni de rassurant, mais qui sont des espaces de prise de parole qui assument un rapport confidentiel et/ou multiple avec la réalité.

    Depuis le 11 Septembre 2001, Eric Baudelaire collectionne des tirages du quotidien français Le Monde. Suivant un même protocole, il sélectionne certaines éditions dont il extrait intuitivement des images qui lui parlent tout particulièrement et qu’il consigne ensuite dans des collages. Il en résulte une série d’oeuvres uniques intitulée « SOME TOMORROWS » qui constituent une proposition fragmentaire et subjective de l’actualité par la superposition des images (sérigraphiées sur verre) sur le texte (sérigraphié sur papier). La manipulation de ces documents par la segmentation des sources de l’information marque une réflexion sur les modalités de traitement de l’actualité par la puissance des images.

    Dans le travail d’Anne-Valérie Gasc, il est souvent question de tensions et de distorsions. Pour Art-O-Rama, elle poursuit sa réflexion sur les nouveaux modes de dématérialisation de l’architecture, de plus en plus dominée par l’outil numérique. En résulte une nouvelle série de sérigraphies expérimentales à base de poudre de verre : « Tectorium » présente un ensemble de tracés complexes, improbables et aléatoires dont la génération par un logiciel remet en question la recherche de vérité absolue que proposait la Modernité.

    Damien Béguet joue lui volontairement avec les limites de la contrefaçon et du plagiat. Pour les oeuvres de la série éditée par TCHIKEBE « À la manière de … » en 2012, l’artiste s’inspire fortement d’oeuvres existantes d’artistes comme Lawrence Wiener, Thomas Ruff, Julian Opie, Baldessari ou encore Buren en apportant des modifications pour ne pas être hors-la-loi. Dans le monde artistique, la référence explicite existe et dans certain cas devient un postulat de départ. Justement, Damien Béguet met en scène des critéres d’identification et d’authenticité équivoques. Il tend à proposer avec cette série une refonte de la question de l’authenticité dans l’art contemporain en cultivant le détachement (Damien Béguet Microclimat est l’entreprise qui signe les oeuvres) et en assumant le plagiat comme tel.

    Avec une nouvelle série de paysages typographiques éditées à l’occasion de sa dernière exposition personnelle à l’atelier Tchikebe en mai 2016, Tania Mouraud clame et met en oeuvre dans le noir et dans l’épaisseur de la matière de nouvelles phrases comme « crier toujours jusqu’à la fin du monde », « NEVER FORGET » ou encore « Why Can’t You See ? » en référence à Benjamin Fondane ou Gandhi. Par l’étirement ou la déformation des lettres, Tania Mouraud contrarie leur lisibilité. Elle propose des images ambigües, à la fois étranges et percutantes qui « comme un miroir, {…} renvoient l’image de ceux qui les regardent : entre le souvenir de ce qui fut et l’espoir de ce qui sera {…} »1, et insiste sur le rapport distancié et sensible que nous entretenons avec le monde actuel.

    Visuel : © Eric Baudelaire / Some Tomorrows (Extrait) / 2016

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