
Elio TISI : Minima
Les dernières œuvres d’Elio Tisi ont pour sujet le cadre urbain, la ville ou plutôt des bouts de ville, voire des bâtiments singuliers. Depuis l’antiquité, la ville a été représentée comme servant de cadre à un sujet, sur la colonne Trajane par exemple. Dans la peinture gothique la cité est devenue le sujet lui-même : Ambrogio Lorenzetti, Jean Fouquet etc. Les représentations d’Elio Tisi ont une particularité qui les rapproche des œuvres Giorgio de Chirico ou la figuration humaine est quasiment absente. Chez Elio Tisi elle l’est totalement comme tout autre élément anecdotique qui permettrait une datation. Ces représentations minimalistes sont intemporelles et non situées. Elles renvoient à une réflexion sur le temps et, plus loin, sur la condition humaine et sa vacuité. « Ce qui passe nous fait spectateur. Ce qui reste nous fait passant » (Alain, Emile-Auguste Chartier 1868-1951). Ce qui nous fait ’’rester’’ devant l’œuvre c’est l’évidente qualité plastique. Ici le jeu de lumière et d’ombre privilégie les ombres géométriques. Ces compositions sont élaborées et rien n’est dû au hasard des prises de vue. Là où on verrait une série de photos une œuvre peinte vient malicieusement se glisser. Non d’une pipe ! On aura compris que le vrai sujet d’Elio Tisi, le motif de l’œuvre, c’est d’abord la peinture.
Alain Gromelle, architecte urbaniste.
« Dans le cadre du festival La Photographie Marseille #7 »