
Josée Sicard, Guerrier 1, 2018
Josée Sicard interroge l’autoportrait, le dédoublement, depuis plus 25 ans à travers le cycle Micro-being « vie par médias interposés », anticipateur des Selfies, Facebook, et autres Social Book…
Ce parcours qui part de son autobiographie fictive ne se conçoit pas comme une résilience narcissique mais plutôt comme une fiction, traduction sensible de son regard sur le monde, sur ce qui la touche, la choque, la traverse tel le fil de l’épée, légendaire Dame du Lac offrant Excalibur au « roi qui ne peut pas mourir »…
Aujourd’hui, cette exposition en duo avec Floryan Varennes propose un arrêt sur image de l’attente guerrière dans laquelle se trouve notre civilisation occidentale judéo-chrétienne face aux enjeux de ce nouveau millénaire. Cette latence de violence, d’appel au meurtre, de rejet de l’autre, chasse à l’homme, à la femme, sous toutes ses formes, à travers tous ses dogmes, interpelle Josée Sicard, en Beatrix Kiddo revisitée, alias la Mariée de Kill Bill :
« Aujourd’hui la réalité a rattrapé Micro-being, est devenue Micro-being »
La parole singulière de l’artiste est noyée dans le chaos, le magma numérique :
« Tout le monde parle mais plus personne ne s’entend »
Ce phénomène d’auto-combustion, de disparition s’incarne dans cette danse macabre d’un fantôme, d’un corps vécu, entre histoire et souvenances, un corps unique, entre mythes et mythologie personnelle, un corps hybride, miroir, transgenre, transgénérationnel, trace ressuscitée d’une Casca héroïque de l’univers dark fantasy de Berserk.
Josée Sicard et Floryan Varennes ont choisi d’opérer une action incantatoire, de nous donner à voir une installation transverse pour nous inciter à envisager la multiplicité des points de vue sur la question de la guerre des sexes, les guerres de religion, les conflits d’intérêts, en interrogeant les images et trophées symboliques de notre culture mondialisée, iconique et uchronique.
Un autre mirage apparaît alors de cette rencontre, celui de la mise en tension permanente entre vie et mort, entre attraction et répulsion, entre concept patriarcal et hiérarchie des genres à travers ses icônes, signes et représentations hétéronormatifs. Dans la série Hiérarques, les bas-reliefs de Floryan Varennes redessinent les contours de ces reliques « magics », mandorles et fers de lances expriment alors une ambivalence symbolique. »
Ainsi dans l’esprit d’un poème épique, d’une chanson de geste, les formes CROISÉ.E.S se déploient dans cette rencontre entre deux générations, dans cette épopée sensible, intemporelle et alchimique.
CROISÉ.E.S
Valérie Michel- Faure 2018
[…] Tandis que j’étais à Tours, j’envoyai chercher une épée qui se trouvait dans l’église Sainte-Catherine-de-Fierbois derrière l’autel. – Comment saviez-vous que cette épée fût là ? – Cette épée était en terre, toute rouillée, et la garde était ornée de cinq croix. Je sus qu’elle se trouvait là par mes voix, et l’homme qui l’alla chercher ne l’avait jamais vue. J’écrivis aux ecclésiastiques dudit lieu qu’ils voulussent bien m’envoyer cette épée, et ils me l’envoyèrent. Elle n’était pas trop enfoncée en terre, derrière l’autel comme il me semble. Aussitôt après que l’épée eut été trouvée, les ecclésiastiques dudit lieu la frottèrent, et aussitôt la rouille tomba sans difficulté. Ce fut l’armurier de Tours qui l’alla chercher. Les prêtres de Fierbois me firent don d’un fourreau, et les habitants de Tours d’un autre. On fit donc faire deux fourreaux, l’un de velours vermeil, et l’autre de drap d’or. Et moi j’en fis faire un troisième de cuir solide […]
Extrait des Minutes du procès de Jeanne d’Arc
Floryan Varennes, Hiérarque 2015