Gijs Milius conçoit ses dessins à partir de représentations personnelles qui s’additionnent et se confondent pour produire de nouveaux archétypes. Ceux-ci étant entendus comme les réceptacles d’une somme de points de vue relatifs à un même sujet.
Les environnements que l’artiste imagine se réfèrent souvent à l’architecture brutaliste qu’il envisage comme pré-forme d’une fiction possible et dont les structures élémentaires servent de point de départ à ses compositions. Evoquant parfois des parcs ou encore des aires de jeux municipales, l’incertitude grandit quant à ces espaces à la fois fonctionnelset décoratifs où peuvent s’installer des humanoïdes canardesques tout aussi ambiguës. Une balustrade ornementale pourrait aussi bien servir de support à un nuage fatigué de son poids.
Dans ces dessins faisant appel à des lieux de reconnaissance se manifeste toujours un élément perturbateur : de la présence d’un personnage, d’un objet ou d’une forme à des variations d’échelle, de perspective, de couleur ou encore de l’application de cette dernière. Comme au service des troubles de ces scènes se déploient alors contrastes et textures de couleurs obtenues par l’utilisation de pastels secs et à l’huile.
A travers l’élaboration d’un vocabulaire commun à l’ensemble de ses dessins, Gijs Milius joue avec la réapparition de certains éléments qui fonctionnent par écho au sein de l’exposition. Quelques nuages plus loin, un autre, hybride, haricot aussi peut être. Alors que des formes analogues sillonnent ses différents travaux, d’autres dessins se donnent à voir comme les variations d’un premier. Ce système de retour que met en place l’artiste lui permet de relativiser la composition effectuée à la fois dans sa forme et son idée. Comme pour revenir à une pratique sculpturale qu’il développe parallèlement, Gijs Milius dépasse le cadre initial en créant un système de méta-image pour donner une autre perspective à ses dessins.
Et l’on aperçoit un canard qui n’est plus exactement le même. Ces occurrences qui convoquent un précédent dessin ou l’un de ses détails génèrent alors de nouvelles situations et relations à l’image possibles dans ce promenoir onirique que constitue Le long des raduses.
Exposition du 10 mai au 23 juin
Bastide Projects, 19 rue du Chevalier Roze, Marseille