Du 29/09/2018 au 27/10/2018
Thierry Lagalla est né le 23 janvier 1966 à Cannes. Diplômé de l´école de la Brossalhas en 1983, il est transféré d´urgence à Nice où il obtient brillamment, en 1991, son diplôme d´artiste néo folklorique préparé à l´ESRP. Aujourd´hui, il vit et travaille dur à Nice. C´est ainsi que débute le curriculum vitae de Tilo Lagalla.
Artiste plasticien et vidéaste folklorique, il se montre, s´expose, se produit, se manifeste, se risque dans des mises en scène vidéastiques plus drôles et stupéfiantes les unes que les autres. On peut dire de Lagalla qu´il participe de la veine des Pierrick Sorin, Joël Bartoloméo ou encore Serge Comte. Mais gare, car Tilo Lagalla parvient de façon toute à fait incongrue à évacuer le sacro saint fantasme duchampien qui hante sans se cacher les couloirs de l´art contemporain. En effet, c´est avec finesse et habilité qu´il réussit à faire se côtoyer l´humour et le burlesque. Il est un militant du réel.
Dans ses petits films, on le voit, souvent plein cadre, et on l´entend. Il s´exprime en patois niçois, mais pas seulement, car il traduit la langue d´oc en un anglais extraordinairement chantant et coloré. Dans cet univers on peut croiser au détour d´une chansonnette, un Gobi, un pigeon, une tortue, une sardine, une patate, une bite, tous ses éléments du quotidien qui deviennent pour lui les vecteurs d´une démystification. D´abord, celle de tout discours artistiques. Exit le ready made ! Mais aussi, out nos vanités ! Tous nos égocentrismes. Adiou, les pathologies du quotidien ! Lagalla provoque le rire en réduisant l´action et la narration à leur forme la plus simple. Celle que l´on retrouve dans le cinéma muet. Il entraîne le spectateur dans un espace minimaliste qui échappe aux convenus contemporains.
Dans « Le chemin de la gloire », il se présente torse nu, un bras planté sur la hanche, un pigeon en plastique perché sur la tête. Transcendant avec un humour incroyable toutes ses statues de personnalités oubliées dans les parcs et les jardins sur la tête desquelles des générations successives de pigeons se laissent aller. L´image est brève mais efficace. Dans « l´Aparicion », un fond blanc sur lequel on lit : « l´aparicion » ! Une seconde s´écoule, puis deux, trois… le temps s´étire mais c´est à peine celui qu´il faut pour que l´on s´impatiente, se questionne, que va–t–il se passer ? Quand, un souffle, que l´on devine buccal soulève la feuille, l´artiste apparaît. Bref portrait car la feuille qu´il s´est facétieusement collé sur le front retombe. Et de nouveau ce mot qui prend tout son sens. On rit. L´artiste est ici l´actioniste et le comique de sa propre figuration, mais aussi de quelque chose d´universel.
Lagalla provoque le rire sans user de facilités, mais parce qu´il parvient, simplement, à cristalliser ce dénominateur commun à l´espèce humaine, ce si terrible douloureux pathos qui est aussi le vecteur d´un rire incontrôlable. L´homme dressé, l´homme debout chute et c´est irrémédiablement drôle.
Florence Beaugier