« La pratique critique du dessin » était l’intitulé d’un atelier séminaire que l’université Panthéon-Sorbonne proposait aux étudiants en licence d’Arts Plastiques et que j’ai assumé pendant plusieurs années. Personne n’a jamais bien compris ce que voulait dire ce titre, mais les étudiants l’aimaient bien et nous nous interrogions sur ce que pouvait bien être cette pratique sinon une invitation à user d’une grande liberté.
Que faut-il entendre par dessin ? Je me pose encore la question aujourd’hui tout en ayant tendance à le considérer comme une écriture qui serait débarrassée de l’orthographe et de la syntaxe. Une écriture dont les encres pourraient être celles de la seiche ou du calamar, les sucs des fruits ou la confiture pourquoi pas. Alors le plaisir est au rendez-vous, celui des doigts et de l’œil se réjouissant d’une suppression des intermédiaires, pour une fois l’haptique précédant l’optique !
Critique ? Peut-être, par le rapprochement, la main oubliant l’outil il y a abolition d’une distance.
Tenebria Lupa (historienne d’art de nationalité étrusque) – Tu n’as rien n’inventé, il y a 30.000 ans c’était souvent la même chose.
Je ne suis pas ingénieur, donc je n’ai pas besoin d’inventer quoique ce soit. J’essaye simplement de retrouver des plaisirs perdus et j’y arrive.
TL – En mettant les mains dans la confiture comme avec Martina ?
Si tu veux mais c’est alors un double plaisir, une quintessence de l’haptique.
TL – Tu dis n’importe quoi avec ta cinquième essence.
C’est une manière de parler. Je ne suis pas responsable des subtilités de ma langue.
– Laisse ta langue tranquille, c’est déjà bien suffisant que tu ais proposé et utilisé une méthode de léchage du dessin, avant ou après de le pratiquer. Pendant que tu y étais tu ne léchais pas aussi un petit peu le modèle ?
Veux-tu bien te taire, j’ai assez d’histoires avec mes sujets, n’en rajoute pas.
TL – Bon, alors parlons de tes « compositions inhabituelles » dans lesquelles tu fais figurer un dessin et une photographie qui n’est d’ailleurs qu’un fragment.
Une photographie est toujours un fragment et Il s’agit chez moi de celui d’un test que les photographes font avant de tirer une grande image en couleur. C’est en quelque sorte un transectet faire figurer dans un même champ plastique deux images de différentes natures qui vont converser, c’est peut-être bien une bonne pratique critique. Une icône et un indice en conversation, ce n’est pas tous les jours que l’on peut assister à de pareilles rencontres.
TL – Et c’est la Galerie Porte Avion qui va montrer tout ça ? Eh bien je lui souhaite beaucoup de courage !