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  • Olivier Millagou
  • For Those Who Think Young
  • Olivier Millagou

    Feat. Arnaud Maguet & Nico Morcillo
    Commissariat : Julia Marchand
    Production : Fræme

    Panorama, La Friche la Belle de Mai, Marseille

    Exposition du 26 octobre 2019 au 23 février 2020

    Vernissage vendredi 25 octobre à 18h
    Performance de Arnaud Maguet et Nico Morcillo à 19h

    For Those Who Think Young  fut le slogan choisi par Pepsi en 1961 afin d’assoir son impact auprès d’une société américaine principalement blanche, sportive, middle-upper class, souriante, une sorte d’hymne à la jeunesse éternelle comprise dans les termes de l’American dream.

    Cette même accroche devint par la suite le titre d’un film sorti en 64, initialement intitulé A Young Man’s Fancy, dont la marque de soda fut un des principaux sponsors. Cette réalisation de Lesley H. Martinson, sur fond de décor ensoleillé pour jeunesse dorée – et quelques placements de produits d’anthologie – suit les « affres » amoureuses d’un héritier fortuné sous le soleil de Californie. Si la planche de surf est un fil rouge du film, c’est en tant qu’accessoire de baignade et motif décoratif récurrent visant à combler graphiquement le vide du scénario.

    Dans ce surf movie que l’histoire ne retiendra pas vraiment, tout est fun et glossy, et la superficialité de l’entreprise corrobore une opération idéologique et mercantile associant la jeunesse à l’oisiveté, l’obéissance, le consumérisme et la ségrégation. De cette image lisse et sans heurt qu’offre un certain cinéma américain, le film, visiblement borgne, ne présente qu’une vue orientée de l’Amérique des années 60, il en masque totalement les combats adjacents : de la mobilisation des africains-américains au sein des mouvements des droits civiques à la guerre du Vietnam.

    For Those Who Think Young, envisagé par Olivier Millagou pour le Panorama, nous propose encore une nouvelle version, y introduisant comme souvent dans son œuvre l’envers du décor comme partie intégrante du dispositif. Le titre de l’exposition, nous l’aurons compris, n’a rien d’innocent, tant Olivier Millagou, expurge les chimères des conquêtes occidentales lorsqu’elles s’adossent à l’appauvrissement et à l’anéantissement de cultures lointaines.

    Le désenchantement, chez l’artiste, surfe souvent la vague de nos conquêtes présentes et passées, là même où le métissage produit de l’amnésie. Les couchers de soleil se teintent de noir et le chant du ukulélé sonne étrangement sur la chaine Youtube de Kim Kardashian. Mais le désenchantement n’est pas une fin en soi, un horizon dystopique réconfortant qui sonnerait le glas d’un optimisme égaré.

    De même, l’attachement aux territoires du sud n’est pas un artifice chez l’artiste, il doit se lire comme une revendication modeste d’identités locales connectées au global qui n’ôte rien aux spécificités des régions convoquées. Il y associe une éthique de travail qui s’éprouve dans un quotidien régulier, manifestement healthy et à l’empreinte carbone dérisoire, tournée vers une mer peu intempestive et le sable comme lieu de collecte et de production d’œuvres à échelle humaine. À l’encontre des initiatives qui excellent dans le greenwashing, la pratique d’Olivier Millagou ne fait pas de bruit précisément car elle applique, tout au long de son échelle de conception et de réalisation, une méthode raisonnable et respectueuse à l’écart, en silence, sur des vagues et en famille. S’y dessine, au fil des années, une esthétique d’existence, sortie tout droit des attitudes admirables de certains de ces camarades de vagues. Le surf s’éprouve aussi comme expérience temporelle sans rentabilité forcenée.

    Ainsi, pour le Panorama, Olivier Millagou module le temps et réemploi des formes préexistantes sur fonds de rifs de guitare et de touches de synthétiseur. Mais les notes se sont comme enraillées et produisent inlassablement les sons du ressac. Les palmiers ont perdu leurs feuilles et citent en chœur Brancusi, formant une chorale fantomatique d’un lointain désirable et perdu, les carnets de voyages roulent dans l’espace et les couchers de soleils sont éternels comme un horizon qui tournerait en boucle, baignant un ensemble de peluches en terre cuite dans une lumière mordorée. Le désenchantement, s’il se produit, conduit également à une contemplation régénératrice.

    Cette nouvelle version de For Those Who Think Young pensé par Olivier Millagou est une installation immersive faite de nouvelles productions mixant différents niveaux de réalités et de temporalités, où aussi l’artiste se saisit de l’invitation qui lui est faite pour l’étendre à quelques protagonistes relevant du champ musical ou encore du skate.

    Envisagée en deux parties, là, où au sein du panorama à Marseille l’accent est mis sur le travail de l’artiste, La Villa Tamaris à la Seyne-sur-Mer répond par une série de collaborations d’hier et d’aujourd’hui impliquant et rassemblant de manière inédite toutes les tribus d’Olivier Millagou.

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