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    Rencontre avec Patricia Boucharlat

    Samedi 9 novembre de 14 H / 18 H à la Galerie Territoires Partagés

    dans le cadre de l’exposition Singularité Pittoresque.

    Peux-tu me parler de ton choix plastique pour ton exposition, plus précisément le choix philosophique et esthétique de l’exposition ?
    Patricia Boucharlat

    Avec cette exposition, je poursuis ma recherche sur la relation étroite, intime et contradictoire que l’homme entretient avec l’idée de paysage. On ramène souvent la question du paysage dans l’art à la dialectique nature/culture, mais cette question est-elle toujours pertinente ? Existe-t-il actuellement un site qui ne porte pas la trace de l’activité ou du désir de l’homme ? Je ne le crois pas, et si à titre personnel je peux le déplorer, il n’est pas question ici. Il y a quelques années, j’ai réalisé chez toi une autre exposition intitulée stimmung, le paysage que j’observais alors, celui de la montagne, me communiquait son gigantisme et m’imposait une sorte d’humilité. Aujourd’hui à travers Singularité Pittoresque,  j’affirme mon regard et donne à voir un paysage plein de secrets. Dans cette exposition j’ai choisi d’associer des photographies de paysages existants afin d’en évoquer de nouveaux. Ces paysages sont comme des miroirs du réel mais un réel un peu transformé, décalé. Cadrés par la photographie, je considère ces images moins comme des paysages ouverts que comme des espaces ambigus nous proposant plusieurs histoires. Il y a quelque chose d’extrêmement fascinant pour moi dans les dispositifs de représentation du paysage, de contemplation. J’ai toujours été sensible à la mise en scène, au décor, à l’artefact, comme par exemple aux panoramas, ces décors peints du 18ème qui sont de véritables oeuvres à sensation et ont provoqué des émotions fortes auprès du public. Dans cette exposition chaque photographie a reçu une attention particulière afin de révéler sa singularité. J’ai ainsi choisi différents supports d’impression comme un caisson lumineux, un dos bleu, un canvas etc… L’ensemble nous invite à naviguer d’une image à une autre par un jeu d’analogie (matière, figure, histoire …), un ping-pong poétique ou une image en appellerait une autre.

    « Dans cette exposition j’ai choisi d’associer des photographies de paysages existants (…) » Ces paysages existants, tu les as choisis comment ? pourquoi eux ? Et pour conclure, peux-tu me parler de ton titre « Singularité Pittoresque » ?
    Patricia Boucharlat 

    Cela commence par le choix des sites dans lesquels je vais chercher mes vues de paysage. Ceux-ci répondent en premier lieu à des envies de matières, matières à toucher mais aussi de son, et d’air (dans le sens atmosphère, ambiance). Sur place, j’arpente ces sites avec le plus de discrétion possible, et cela plus pour me laisser surprendre moi-même que pour ne pas être vue. La photographie permet l’intuition, permet de se laisser guider par des impressions, alors je les suis. Puis vient le temps de la création, celui où choisissant précisément les images que je vais présenter, je pense également à leur mise en scène. Comment faire dialoguer les photographies entre elles, composer l’espace, mettre en lien cet agencement du végétal et de l’artifice. Je suis sensible au potentiel narratif de chaque image, mais je fais en sorte, en pensant l’exposition, de ne pas créer de début ou de fin à ces histoires. D’ailleurs je parle d’histoires au pluriel, il n’y en a pas qu’une seule. Quand à mon titre, Singularité Pittoresque,  il s’agit d’un oxymore. Le pittoresque est ce qui est assez original pour être reproduit, peint. En un sens c’est une forme d’idéal type, qui fait consensus. Au contraire, la singularité c’est l’individuel, le détail qui fait la différence. Ce titre, qui est également celui d’une des pièces présentée, donne ainsi le ton de l’exposition.

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