Du 03/04/2020 au 23/05/2020
COSMICOMIX
« En combinant en un seul mot les deux adjectifs cosmique et comique, j’ai essayé de rassembler différentes choses auxquelles je tiens. Dans l’élément cosmique, pour moi, il n’y a pas tant le rappel de l’actualité “spatiale” que la tentative de me remettre en rapport avec quelque chose de bien plus ancien. Chez l’homme primitif et chez les classiques, le sens cosmique était l’attitude la plus naturelle ; nous, au contraire, pour affronter les choses trop grandes et sublimes, nous avons besoin d’un écran, d’un filtre, et c’est là la fonction du comique.
Pour parvenir à penser à des thèmes si importants, on doit faire semblant de plaisanter ; et même : atteindre une telle légèreté d’esprit que l’on réussisse à en plaisanter vraiment est l’unique façon de se rapprocher d’une pensée à échelle “cosmique”. » Italo Calvino, Cosmicomics, Folio, 2013 ; note de l’auteur, p. 9
Le cosmos, comme l’astronomie et l’astrophysique contemporaines nous le montrent, se révèle toujours plus riche en objets et en phénomènes inattendus.
Aussi ne cesse-t-il de nous attirer à lui — de Cyrano à Tintin —, de nous intéresser — de Fontenelle à Hubert Reeves —, de nous émerveiller — de Lucrèce à Miró —, de nous angoisser — de Pascal à Anselm Kieffer —, voire même d’enrichir certains — comme l’espèrent Jeff Bezos et Elon Musk.
Mais le cosmos peut-il nous faire rire, ou au moins sourire, que ce soit avec une franche ironie devant l’hubris humain prétendant faire la conquête de l’espace, une plaisante fantaisie jouant sur notre imaginaire cosmique ou une poétique tendresse pour notre incertaine place dans l’Univers ? Si Italo Calvino s’y est essayé dans les nouvelles de Cosmicomics, nombre d’artistes nous offrent ce joyeux regard et ce gai savoir si nécessaires.
Les grands graveurs classiques (Hogarth, Rowlandson, Grandville, Doré, Daumier), puis la BD (Francis Masse) et la caricature modernes (Robinson, Harris) ont illustré cette veine humoristique et ouvriront l’exposition. L’art contemporain n’est pas en reste comme le montreront les œuvres qu’elle rassemblera : peintures, photographies, vidéos, installations de Eric Baudart, Cécile Beau, Caroline Challan Belval, Caroline Corbasson, Florian de la Salle, Rodolphe Delaunay, Vincent Ganivet, Karim Goury, Sara Holt, Jason Karaïndros, Piotr Kowalski, Thierry Lagalla, Olivier Leroi, Miller Lévy, Nelly Maurel, Eva Medin, Sylvestre Meinzer, Philippe Ramette, Emmanuel Régent, Hugues Reip, Evariste Richer, Karine Rougier et même l’inattendu August Strindberg.
Jean-Marc Lévy-Leblond