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  • Joana HADJITHOMAS & Khalil JOREIGE
  • Suggestion de lecture : Les rumeurs du monde. Repenser la confiance à l’âge de l’internet
  • JOANA HADJITHOMAS & KHALIL JOREIGE
    (Omar Kholeif, dir.)
    Les rumeur du monde. Repenser la confiance à l’âge de l’Internet
    Sternberg Press, Villa Arson, MIT Visuel Arts Center
    2015 

    Ce livre plonge dans le travail et les recherches des cinéastes et artistes plasticiens Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, sur le sujet des emails indésirables et plus spécifiquement des arnaques Internet, les scams ou message de fraude par paiement anticipé. Les artistes dévoilent ici le matériau qu’ils ont collectionné depuis 1999, tremplin d’un plus vaste débat avec de grands experts et penseurs : comment la confiance est-elle transformée par Internet ?

    (extrait)

    Joana Hadjithomas : C’est quelque chose qui revient dans chaque scam, « vous êtes la seule personne en qui je peux avoir confiance ». Vous êtes « l’élu ».

    Khalil Joreige : Nous ça nous a intrigués. Nous pensions au contraire que pour croire, il fallait montrer la complexité des situations. Or là, ce sont des situations extrêmes. Et cette extrémité se réfère à de nouvelles formes narratives – qui viennent aussi bien d’Internet, des séries, des infos, qui deviennent de plus en plus, sur ce mode-là, du fait divers… une autre façon de raconter. Toutes ces voix, tous ces scams qui endossent d’autres personnalités, sont déjà dans un travail d’interprétation,  ils prennent généralement des histoires qui sont entre l’événement et le fait divers et en créent une narration qui ne s’applique qu’à des modèles narratifs et à des genres disons traditionnels, ils deviennent fiction.

    Joana Hadjithomas : Ils sortent de la poubelle de notre ordinateur et mutent, deviennent des textes poétiques et des textes narratifs, des films parfois. C’est aussi ça qui nous intéresse, de réfléchir à nouveau la narration à travers cette « poubelle ».

    Jacques Rancière : On retrouve peut-être le même paradoxe : lorsqu’il s’agit de raconter des événements réels,  on est quand même dans un régime global de narration qui est modeste, des petites choses, des petites histoires, des petits faits. Or tout semble se passer à l’inverse, comme s’il fallait aller vers l’incroyable pour produire la croyance.

    – Joana HADJITHOMAS & Khalil JOREIGE. Les rumeurs du monde. Repenser la confiance à l’âge de l’internet. Sternberg Press/Villa Arson/MIT/Home, 2015, ici

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