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  • Laure Lamarre-Flores, directrice du Centre d’arts Fernand Léger
  • Pouvez-vous nous résumer vos missions ?

    Mes missions sont très larges. Dans la mesure où je m’occupe d’un établissement réunissant une école d’arts, des espaces d’expositions et des ateliers de résidences d’artistes, je combine plusieurs casquettes. Une partie de mon travail consiste à construire le suivi pédagogique annuel de l’école d’art de pratiques amateurs (membre de l’ANEAT) avec l’équipe des professeurs, en concevant les programmes d’enseignements pratiques mais aussi théoriques pour les particuliers et l’éducation nationale dans le cadre de l’EAC (programme annuel de cours, programmation de conférences, de rencontres, de workshops, de sorties culturelles…etc). Une autre est liée au commissariat d’exposition, puisque je gère l’ensemble de la direction artistique des programmations d’expositions d’art contemporain, mais pas seulement puisque je supervise aussi les missions du Service Patrimoine en charge de la valorisation des collections artistiques de la ville. Une autre s’attache à accompagner les artistes dans la construction des programmes de résidence que nous accueillons (immersion sur le territoire, programmation de rencontres, suivi du travail artistique, organisation de la mise en réseau pour la valorisation de la production auprès des professionnels et du grand public…etc). Tout ceci s’entrecroise avec des missions de gestion administrative (budget, demandes de subvention, gestion du personnel…etc), scientifique (rédaction d’articles, de dossiers de presse, de catalogue d’expositions, dossiers de protection M.H…etc), de communication (conception des supports, diffusion), de médiation (visites enfants et adultes des expositions ou des ateliers de résidence d’artistes), de régie (montage physique des expositions avec les artistes) ou encore de recherche mécénale (rédactions de dossiers de mécénat et rencontres d’entreprises), tout en développant des stratégies de relations publiques permettant de faire rayonner la structure à l’échelon local (mise en œuvre de nombreuses actions participatives notamment : ex « les nouveaux collectionneurs ») mais aussi métropolitain.

    Quel chemin vous a conduit à l’art contemporain ?

    Le hasard ! Formée à la Sorbonne à l’Histoire du XVIème siècle (et plus précisément des guerres de religion) et à l’Histoire de l’art du XIXème siècle (peinture provençale de 1845 à 1920), avec deux Masters puis une année de spécialisation à l’Ecole du Louvre, je n’étais pas destinée à travailler dans l’art contemporain ! Je me voyais dans les réserves d’un grand musée poussiéreux à travailler sur des notices d’œuvres ! Après, quand on sait comment fonctionnent les parcours de la filière culturelle, on se fait d’avance à l’idée que le métier qui viendra à nous ne sera pas nécessairement celui pour lequel on a été formé. Et c’est tant mieux ! Pour ma part je découvre un univers qui me passionne. J’apprends sur le tas depuis 8 ans maintenant, je n’en aurai jamais fini c’est certain et je ne regrette absolument rien. J’ai eu la chance d’être embauchée très jeune à la tête d’un petit Centre d’arts qui venait juste d’ouvrir et qu’il fallait lancer. Le challenge était énorme, la remise en question est permanente d’autant plus concernant mon parcours atypique, mais quelle satisfaction de le voir évoluer, se développer dans la recherche constante du juste équilibre entre pratique amateur et valorisation professionnelle où l’artiste et la manière que nous avons de l’amener auprès de populations éloignées de la culture demeurent au cœur de nos préoccupations.

    Quelques mots sur la relation qui se crée entre vous et les artistes ?

    Ce qui est incroyable quand l’on travaille avec des artistes vivants (vous l’aurez compris ce n’était pas gagné d’avance !) c’est l’alchimie que l’on arrive à construire avec chacun d’eux. Je parle volontiers d’alchimie, car sans parler nécessairement d’amitié, il s’est tissé dans la grande majeure partie des cas, une relation privilégiée et unique qui me rappelle pourquoi j’aime tant ce métier. A notre niveau nous sommes à la fois des accompagnateurs, des confidents, des complices, des critiques, des spectateurs de créations en train d’éclore sous nos yeux. C’est magique ! Je pense que j’ai beaucoup de chance de connaître ça. Pour moi la partie est gagnée quand j’ai le sentiment d’avoir été une étape utile, quelle qu’elle soit, dans le parcours de l’artiste accompagné. Ce dernier nous fait confiance, à un moment donné, pour faire un bout de chemin dans son aventure artistique, il y a donc forcément un peu d’affect qui entre en jeu. La dimension humaine est pour moi très importante. J’aurais vraiment du mal à construire un projet si le feeling n’était pas au rendez-vous.

    Quelle oeuvre emporteriez-vous sur une île déserte ?

    Les installations d’Anaïs Lelièvre. Quelles soient de papier ou de PVC, elles sauront rendre toute la poésie protectrice de l’habitat, de la grotte, à la fois projection mentale et physique de l’élan de création dont j’aurais besoin dans ma survie.

    Quel rituel vous manque quotidiennement en cette période si particulière de confinement ?

    M’émerveiller tous les jours du superbe endroit dans lequel il nous est donné la possibilité de travailler : petit château de pierre en bord de mer, d’où se dégage une douce synergie de travail entre nos élèves et nos artistes. Je ne m’en suis jamais lassée, je pense que je ne suis pas la seule, j’ai hâte de pouvoir y retourner et y retrouver le bouillonnement créatif de notre petite ruche…

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