une exposition photographique et sonore de Geoffroy Mathieu.
avec la collaboration artistique de Lina Jabbour (dessin mural) et de David Bouvard (montage sonore).
Le projet urbain est toujours violent. Mais au sein même de la ville moderne, de petites résistances s’organisent face à la standardisation des architectures, la privatisation des espaces et les réhabilitations brutales. Ce sont des corps, des gestes, des objets, des lumières, au coin d’une rue, sur un balcon ou sur un visage. Quelles qu’en soient les raisons sociologiques, économiques, politiques ou écologiques, ces zones de poésies anarchiques signent l’appartenance de ces espaces à une même aire culturelle, au monde méditerranéen.
À Beyrouth ou à Marseille, à Alger, à Valence ou Tripoli, cet entêtement du faible et de l’isolé à former des poches de douceur altère profondément le paysage urbain. Est-ce lié à l’importante quantité d’espaces disponibles, à la douceur du climat, au laisser aller des pouvoirs publics ou au tempérament latin ? Les villes méditerranéennes, plus décousues et moins unifiées, semblent en tout cas les motiver plus que nulle part ailleurs. À l’évidence, ces paysages urbains en résistance se caractérisent, moins par leur condition commune de villes du littoral, que par leur identité méditerranéenne contemporaine. Afin de mieux saisir cette essence, il s’agissait alors de regarder vers l’intérieur, vers là où se dirigent les hommes et les marchandises qui y débarquent et de photographier « tout sauf la mer ».
G.Mathieu