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  • Gilles Pourtier
  • Un peu plus loin de l’autre côté de la rue des néons clignotaient deux fois moins vite que mon coeur
  • Gilles Pourtier

    Un peu plus loin de l’autre côté de la rue des néons clignotaient
    deux fois moins vite que mon coeur

    Photographie, installation, vidéo.

    vernissage le vendredi 16 septembre 2011 à 18h
    rencontre autour de l’édition Les voleurs (DVD + livret) avec les éditions Marguerite Waknine

    Il y a dans les photographies de Gilles Pourtier (1) un jeu d’articulation logique où le monde hésite, bégaie, trébuche, comme si une intimité trahissait des recouvrements, des chevauchements signifiants étranges.
    C’est par exemple tout l’enjeu de ce livre publié à l’occasion de l’exposition à la compagnie : Must We Mean What We say (« Devons-nous vraiment faire sens quand on parle ? » ou « Devons-nous signifier ce qu’on dit ? », allusion invisible à un bégaiement, à ce qui bride l’élocution en la fragmentant). Chaque image en double-page est vouée, du fait de l’assemblage des feuilles dans le livre, à être coupée en deux, pour un effet de montage, de collage, avec une autre moitié d’image.
    Ce jeu des interstices qui interrompent le temps et l’attention, qui suspendent notre attention, débouchent souvent sur ces formules-titres qui à elles-seules sont déjà de véritables déclarations d’amour. Le titre de l’installation sur le néon qui donne son nom à cette exposition est issue de Lolita de Nabokov : Un peu plus loin de l’autre côté de la rue des néons clignotaient deux fois moins vite que mon cœur. Mais cette ivresse sentimentale peut aussi surgir d’une simple  photographie qui montre un savon avec des poils sur lequel est écrit I love you.
    Telle image d’une multitudes de personnes (la photographie a été prise lors d’une exposition à la Tate Modern) s’appelle « On » : vibrant hommage au « on  » anonyme de Blanchot ? à cette part universelle de nous-mêmes qui s’est dissociée de tout individualisme.
    Gilles Pourtier a fait récemment une série de vues d’architectures (des coupes visuelles prélevées sur le site de l’hôpital psychiatrique de Montperrin où se trouve le Centre d’Art Contemporain « 3 bis f » qui l’a accueilli en résidence durant l’année 2011). Chaque image décompose l’unité d’un bâtiment, le fragmente, n’en montre qu’une partie, pour cette vertu énigmatique et labyrinthique dont l’image fragmentaire se trouve dotée — c’est que le réel s’y masque et s’y révèle simultanément, y apparaît en disparaissant. Gilles s’essaie à l’agencement de ces photographies avec des dessins qui figurent chacun, selon ses dires, comme une boîte de l’inconscient. Cette série double, appelée Wunderblock (« bloc magique », en hommage au texte célèbre où Freud tente une figuration de l’appareil psychique), fait apparaître qu’il y a moins ici un travail de déchiffrement des signes, qu’un travail de compréhension de la pensée, à partir d’ajouts, d’opacifications, où le sens est d’avantage supplémentaire que complémentaire.
    Il faut évoquer alors le diaporama Les voleurs, dont les éditions Marguerite Waknine publient le DVD accompagné d’un livret (1). On pourra rencontrer les éditeurs lors du vernissage.
    Les voleurs est l’un de ces poèmes où retentit le secret des images du monde, au bord de la face cachée des êtres, et, sur la fine crête de l’instant, un index invisible pointe, au-devant de nos yeux, comme un point noir du ciel qui fascine (cette femme, par exemple, seule au loin, sur l’immensité d’une plage percée insensiblement par ce petit corps obscur).

    notes
    1. Voir l’édition Les voleurs de Gilles Pourtier (DVD + livret avec un article de Paul-Emmanuel Odin, édition Marguerite Waknine, 2011).

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