de 15h à minuit, Film flamme nous embarque dans leur aventure.
« Chaque jour, dans le grand ordinaire et le grand universel de la création, sont apparues des formes que nous ne pouvions même imaginer. Pendant deux ans, la cité est devenue notre atelier. Aujourd’hui le temps est venu de montrer nos travaux. En cinéma, c’est le choix de la fiction ou du poème qui s’est imposé et nous a permis de rencontrer ses habitants sur une terre commune : celle de la création, de nos infinies folies douces… »
Les films de l’Abeille ont été tournés dans le cadre d’un Quartier créatif, résidences d’artistes et programmes participatifs de Marseille Provence 2013 Capitale européenne de la culture / Direction artistique Martine Derain / Artistes associés Compagnie Ex Nihilo / Film flamme / Suzanne Hetzel / Raphaëlle Paupert-Borne
Quoi de cette idée de faire film collectif ? Quoi de faire film ? Quoi de faire collectif ? Quoi de faire même ? Posées là ce sont des évidences dans un programme… Pourquoi pas dire un téléfilm ? une fiction… un documentaire… Un film sur ceci ou cela… Ou un film qui traite… C’est transmédia ?… C’est du flux (actuellement plus ou moins mainstream) ?… Ou les plus anciens : c’est festivalable ? T’as pitché (qui n’est pas un besoin pressant) ?… Tout l’attirail verbal de la culture de rapport. Et on en passe, des cadres et des grilles… et on revient aux origines… Ça rime à rien… et en bande (dés)organisée.
Ça rime à réinventer le cinéma ?! Rien moins… ben voyons !
Et même si c’est vrai, à quoi bon, ça a été fait déjà !
Oui, oui, inventer le cinéma comme une tâche qui appartiendrait à tous… Et toujours… et particulièrement à la Ciotat, qu’on assomme qu’il a été inventé là le cinéma, ça fait belle lurette (suffit de comparer la lumière de Lyon avec celle de la Ciotat pour comprendre ce qui s’est passé). C’est pas une mince affaire d’affirmer là justement qu’il n’en est rien. Que la lumière est toujours là depuis la grotte Cosquer et même avant, pour inventer le cinéma dans les meilleures conditions, sans s’arrêter à son âge bourgeois et mercantile.
Inventer le cinéma c’est-à-dire se projeter sur les parois de sa grotte (en son ET en image). Une histoire de projection de soi et d’architecture donc. Dès l’origine.
Des images et des sons issus mêmes des formes de l’habitat. Prolongement du geste de soi (de son mouvement propre) dans l’espace et la matière de l’habitat.
Et l’inventer tous, ça signifie aussi l’inventer ensemble… les voyageurs de passage et les sédentaires, ceux qui se projettent au loin et ceux qui se regardent en miroir. Ensemble et sans plans (sans scénario, sans cadres, sans budgets de prod, sans programmateurs, sans écurie de festival, etc…). les pros et les pas. Les ignorants du monde et ses savants. Ses fous et ses sages. Ses heureux et ses désespérés… et avec Rien. En l’occurrence les derniers mètres d’émulsion chimique de l’histoire du cinéma en son 1er âge bourgeois et vaguement pompier. En tout cas, c’est ce qui se dit et se dispute. Avec aussi un abri précaire au cœur du quartier… Avec ce qui n’aurait plus de valeur pour le marché donc. Ce rien là est donc (le) politique. Dans ce désert de socialisation d’après le déluge (la fermeture du Chantier Naval en 1988)…
Faire des films c’est se prolonger en tous les films du monde, comme à soi. Partager des films, c’est aussi en faire. Sans subir d’injonctions à voir ou à comprendre… Sans accepter d’obligations au sens. Ne pas se faire confisquer l’émotion ni le chemin à l’œuvre. Inventer le cinéma c’est aussi inventer l’appréhension du cinéma. Sans médiateurs ni médiation. Directe. Ainsi donner à voir et entendre les films, comme nous proposerons cette journée, est la continuation de ce qui s’invente à la Ciotat. Quartier de l’Abeille.
Jean-François Neplaz | Film flamme
15h DE LOIN EN LOIN
de Martine Derain et Jean-François Neplaz | 33 min super 16>HD
Le film est une fable, écrite par Martine Derain depuis la cité de l’Abeille. Au fil et autour de sa narration, d’autres histoires s’entrecroisent : récits des habitants ou interventions des artistes qu’elle y a invité pendant la durée de ce Quartier créatif de Marseille-Provence 2013 dont elle a été directrice artistique. Les fils tressés de toutes ces histoires, « âme et trame », créent un dessin aux motifs habités : un temps et un espace communs, une « communauté sensible ».
16h TREMBLEMENT
de Yann Vu, 18 min super 16>HD
Tremblement c’est comme un écho des histoires du passé ou l’on entend encore le souffle des âmes nous conter le réel… chuchotant dans un langage connu ou inconnu peu importe, écoutez seulement le souffle du vent…
16h50 IMAGO MUNDI
de Sara Millot | 26 min, super 16>HD
L’image du monde, c’est ainsi que s’intitule un manuscrit écrit au début du XVe siècle. Un traité où se mêlent des textes théologiques et antiques, des poèmes et récits d’Orient et des cartographies imaginaires de notre galaxie. Une cosmogonie singulière qui n’est en rien étrangère à la manière dont ce film se pense et se fabrique aujourd’hui. Nous sommes au XXIe siècle, dans une cité populaire de la Ciotat, à l’ombre des barres d’immeubles, sur une esplanade battue par les vents. Ici se croisent des visages, des gestes, des paroles. Ici se dansent des histoires singulières. Ici résonne aussi la poésie.
17h45 LA GUERRE QUI VIENT
de Stéphane Manzone | 30 min | vidéo, super 16>HD
Dans un futur proche, en France, une guerre civile éclate. Chroniques pirates, radiophoniques, de
ce conflit chaotique où les hommes sont moins bien traités que les bêtes.
18h45 TATLIN
de Aaron Nikolaus Sievers | 10 min super 16>HD
Le Monument à la IIIe Internationale conçu par Vladimir Tatlin n’a jamais été réalisé. Cette architecture devait être à la fois une tour, exhibant ses éléments constructifs et une double spirale exprimant le mouvement dialectique de la pensée. Dans la cité de l’Abeille, Livario, un ancien ouvrier du chantier naval, veut un monument pour offrir un point de vue qui dépasse les toits de la cité… Tatline, de la confrérie des attrapeurs de soleil, écrivait Chlebnikov…
Pause/repas
21h QUELQU’UNS
de Martine Derain | 6 min | super 8>HD
Des danseurs, au milieu des passants et des travailleurs affairés… Une histoire de place, que l’on cherche ou que l’on s’invente.
21h15 SI ELLE TOMBER…
de Jean François Neplaz | 33 min, vidéo, super 16>HD
Nous dansons parmi les ruines en métamorphose et des mémoires magnétiques, spectrales. Les reliefs de l’industrie lourde (du Chantier Naval de la Ciotat -– CNC) suintent des murs de briques en pixels éphémères. Des voix, lointaines et déchirées d’ouvriers devenus occupants désoeuvrés, corps libres à penser, s’abandonnent au regard.
« Si elle tomber, dit-elle, ce n’est pas une faute… »
« Si elle tomber… » est extrait d’une part des archives (vidéo) d’ouvriers « occupant » le Chantier Naval de La Ciotat un 24 décembre 1991 pour lutter contre la fermeture et d’autre part d’images (et sons) de la compagnie de danse contemporaine Ex Nihilo, répétant une création dans la Cité de l’Abeille (cité ouvrière appartenant aux chantiers) puis dansant sur le site même de l’ancien chantier…
Là des spectateurs.
22h15 L’ABEILLE DE DEMETER
de Raphaëlle Paupert-Borne, 54 min | super 8, super 16>HD
Parce qu’elle est inconsolable, Déméter erre à la recherche de sa fille Perséphone.
Éternellement les dieux olympiens festoient et se baignent, Perséphone ne cesse d’être enlevée et les jeunes filles s’enfuient.
Zeus construit les correspondances du temps. A chaque carrefour, des directions se dessinent, des humains se rencontrent, une pensée erratique se construit pour une consolation.