Du 16/03/2016 au 16/03/2016
Dans le cadre du workshop organisé par le Réseau cinéma en écoles supérieures d’art QU’EST-CE QU’UN ESPACE BLANC ? FIGURE DE L’ABSENT, autour de l’exposition MADE IN ALGÉRIA au Mucem (commissariat Zahia Rahmani et Jean-Yves Sarazin), et avec le partenariat du FID Marseille.
En dépit du titre, le décor ne contient aucun élément routier, c’est dans un abattoir à Alger que nous nous trouvons. Retenu à l’intérieur d’un tel cadre si fréquemment décrit par le cinéma, on pourrait s’attendre au spectacle de la cruauté (mot qui, on le sait, signifie littéralement sang qui coule). Il n’en est rien. L’abattoir est avant tout ici un huis-clos, c’est-à-dire la scène d’un théâtre, où évoluent quelques personnages qui y ont élu résidence. Les héros, ce sont eux, ces hommes (car cet univers est exclusivement masculin), jeunes et moins jeunes, et aucun bœuf, mort ou vif, ne vient leur voler la vedette. On se souvient duTarzan, Don Quichotte et nous (FID 2014), où le jeune Hassen Ferhani maniait déjà avec virtuosité, humour et précision, une caméra désireuse de décrire, plutôt qu’un contexte élargi, des figures chaque fois singulières. Davantage encore ici, si quelque chose d’un portrait de groupe est visé, c’est après avoir laissé la place à chaque personnage pour exister dans sa complexité, dans sa fragilité, dans son innocence comme dans la science qui est la sienne, à l’exemple de cet ouvrier-conteur qui discute gravement sur le choix du titre du film en train de se faire. (Jean-Pierre Rehm)