Une aventure sur des mots venus par la Méditerranée.
Réalisation partagée avec des femmes de l’association Contacts de Gardanne et du centre social Agora de Marseille | En collaboration avec Alain Castan, la Courte Échelle / Édition Transit
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Depuis le 29 novembre 2012 un groupe d’une trentaine de femmes, des enfants et l’artiste Muriel Modr se sont retrouvés pour des rendez-vous d’échanges sur les mots français d’origine méditerranéenne et arabe. L’exposition présente différents éléments qui découle de cette expérience : documents, dessin, textes, photographies, cartes, bande son, vidéo (certains éléments sont déjà présents dans l’édition faite par l’artiste aux éditions transit). L’exposition et l’atelier sont inséparables, le projet comme l’échange est sans fin. Le temps de l’exposition l’artiste sera très présente pour accueillir des groupes et le public, qui sont invités à continuer cette aventure.
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Cette interrogation poétique et imagée est une récolte des connaissances de terrains plus ou moins enfouies hors des champs universitaires : le va-et-vient d’un champ à l’autre est précisément l’un des gestes politiques de la proposition.
On retrouve encore dans cette proposition de Muriel Modr : une hétérogénéité des matériaux qui introduit de l’épars, de l’espacement, de l’inscription ; l’exigence de continuité poétique, esthétique et politique qui permet, grâce un savoir-faire singulier, de tisser entre ces éléments des rapports de lisibilité autres des histoires, qui reconfigurent les places de la société (c’est autre chose que l’éternelle histoire des vainqueurs qui est ressassé par les manuels scolaires et les médias). Par l’attention qui est porté à tout, le moindre trait posé sur la feuille de papier par un participant devient grand – comme si Muriel Modr avait inventé une loupe qui compense l’inégalité d’échelle des représentations et de leurs effets directs sur le réel.
L’esthétique de Muriel Modr est nourrie de collages, de croquis, de notes, de prélèvements, d’une réflexion très soutenue sur les supports. Si le fragmentaire est présent, avec l’omniprésence de petits papiers, le collage (scotch, colle) vient très largement et donner une dimension digressive et combinatoire à tous les éléments rassemblés et retravaillés. Mais il peut aussi y avoir un temps d’arrêt, lié à une séquence longue, comme le grand dessin de la carte de la route des mots. La reprise, la couture, sont une métaphore constante du travail de mise en relation que fait l’artiste.
Un autre des aspects cruciaux du travail de Muriel Modr c’est le choix des personnes avec lesquelles Muriel Modr décide d’élaborer le processus de création.
Il y a de façon urgente des pratiques à élaborer pour contrer les effets de pouvoir lié à la classe sociale.
Le travail de Muriel Modr découle d’une réflexion sur le politique qui occupe sa vie depuis très longtemps, et Muriel ne se contente pas d’en rester à une dimension spéculative abstraite.
Le politique c’est d’abord l’indissociabilité d’une pensée et d’une pratique incessante, qui doit, à partir d’une compréhension approfondie des situations, savoir épouser les flux du réel pour mieux couper les rapports de domination qui s’y exerce.
Cette approche du réel nécessite une humilité immense, une écoute, une remise en cause permanente des façons de penser.
La pratique découle en permanence d’une analyse de la situation concrète.
Et en même temps, l’idée même qui guide le projet, et les réflexions qui surgissent à chaque moment, sont, comme le réel, des improvisations, où le hasard bouscule et fourmille de surprises qui dérange l’ordre d’un projet préétabli.
Une certaine simplicité est nécessaire, mais cette simplicité est celle qui comprend la plus grande complexité, avec les nœuds d’une poétique des contradictions et des interstices.
Avec le Diwãn des mots voyagés Muriel Modr se concentre sur l’une des bases de notre vie, le langage courant, familier, compris comme le tissu où s’entrecroisent empreinte géographique et histoire. Alors, ce qui est mis en œuvre lors des ateliers, ce que nous vivons tous les jours, n’est pas séparable de l’histoire des peuples et d’une compréhension des différents rapports de domination qui se sont exercés par les mouvements de colonisation. C’est cela faire Diwãn : faire connaissances.
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Muriel Modr est née en 1952, vit et travaille à Marseille.
Le lieu de création La compagnie a déjà exposé plusieurs fois Muriel Modr : Petite archéologie contemporaine 1999-2000 (où, à partir d’un atelier hebdomadaire au sein de l’école maternelle Parmentier de Belsunce, une expérience mobilise enfants, parents et enseignants sur le chantier archéologique de la bibliothèque de l’Alcazar, auprès des ouvriers et des archéologues, jusqu’à ce que les enfants déposent leur trésor dans les fondations de l’Alcazar – édition en 2007), Makhzin – 2002 (une réflexion sur le magasin, le commerce, le troc, l’échange, à partir, entre autres, des magasins de Belsunce), mais aussi Ligne 83, ricochet – 2011, Tisser tresser – 2009, Les installateurs anonymes…
La démarche de Muriel Modr ne se laisse pas classer, cataloguer, et même si l’on est tenté de dire que l’art et la vie s’y entrecroisent de la façon la plus politique et la plus poétique, on manque encore la part d’humilité, de retrait et d’engagement qui font de tous ses gestes plastiques des positions créatrices comme autant de grains de sable qui chamboulent les machineries sociales et inconscientes. La constance de sa présence artistique et politique depuis trente ans aussi bien à Marseille que dans une multitude de pays comme la Palestine, les pays du Maghreb, en ont fait une figure atypique, que l’on serait tenté de rapprocher, sous certains angles, de l’œuvre de Fernand Deligny. Le bricolage est en effet permanent, avec dessins, photographies ou films, assemblages, installations. Nombreux ont été les projets menés en ateliers avec le public, enfant ou adultes, dont ont découlé des éditions, et où chacun a été sollicité comme artiste, créateur de sa propre vie.
Elle a créé la maison d’édition La courte échelle avec Alain Castan.
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Le livre de cette recherche-expérience a été publié en amont de l’exposition à la compagnie.
DIWÃN DES MOTS VOYAGÉS (écrits et oralités – enquêtes et collecte) : Cahiers 1 et 2 réalisés avec les femmes de l’association Contacts de Gardanne et du centre social Agora à Marseille en présence de Nadia Bendjilali, Nacera Tolba et Farah Raha, édité par la Courte échelle / édition transit / 2016
« écrit – – – – – – – – – oralité
rires et silences juste avant le ton déplace les traductions
des fragments et des intonations des tonnerres dans les transitions
une création individuelle et collective prétexte pour faire connaissances
Zahr° fleur chance
motif une nappe damassée indice tu dis comme en quête collecte construire les pages au fil des rendez-vous.
Il y a débat – Les traductions ne sont jamais uniformes. Le choc des étapes, des mots, des situations, des historiques, des échanges qui se produisent sont illustrés par des résonances, des liens de façon insoupçonnée.
Nüba Nouba chacun son tour »