MENU

  • Geneviève Houssay, Rasha Salti
  • Masterclass Palestine : territoire, mémoire, projections
  • Masterclass Palestine : territoire, mémoire, projections
    organisée par le Mucem, le Réseau cinéma en écoles supérieures d’art, la compagnie-lieu de création

    À l’occasion de l’événement du Mucem (curators : Rasha Salti et Geneviève Houssay)
    Palestine : territoire, mémoire, projections
    du 9 au 12 mars et du 16 au 19 mars 2017
    Cinéma – conférences d’artistes – installations – rencontres
    Commissariat : Rasha Salti et Geneviève Houssay

    Une masterclass est proposée
    à la compagnie, lieu de création 19 rue francis de Pressensé 13001 Marseille 04 91 90 04 26 :  le jeudi 9 mars de 13h à 15h et le vendredi 10 mars de 10h30 à 13h
    au mucem le samedi 11 mars de 9h à 11h et le dimanche 12 mars de 9h à 11H (entrée réservée)

    Si la Palestine, en tant que terre, territoire, pays ou métaphore, a pu être le support de diverses projections imaginaires ou le lieu de multiples significations, les Palestiniens en revanche – habitants, peuple, résidents permanents, réfugiés et diaspora – constituent en matière de représentations et de pensée un signifié toujours controversé. On a longtemps considéré la lutte pour une Palestine indépendante et souveraine comme une quête de reconnaissance et de visibilité. Avec la création de l’Organisation de libération de la Palestine en 1964, les Palestiniens revendiquent une représentation politique, sociale, culturelle, iconographique et narrative qu’ils ont créée de leurs propres mains, et qui passe par leurs propres mots. Ils ont produit des photographies, des films, des poèmes, des récits littéraires, des affiches pour affirmer leur existence. Ainsi la Palestine devient-elle le miroir de l’injustice subie, de la complicité du monde face à l’impérialisme. La lutte des Palestiniens pour libérer leur terre devient un mouvement de libération, leur sursaut après l’humiliation et la défaite devient une révolution. Comme l’a remarquablement montré l’historien et écrivain palestinien Elias Sanbar, la Nakba ne marque pas seulement l’expulsion des Palestiniens hors de leur géographie ; le mouvement national palestinien est en réalité un combat pour réintégrer le cours de l’histoire, la Nakba constituant une sortie traumatique hors du temps. Reste à savoir si les accords d’Oslo et la création d’une Autorité nationale palestinienne à Ramallah peuvent être considérés comme une véritable avancée vers la revendication, vers la réintégration du temps historique. En un peu moins d’un demi-siècle, la fameuse question de la visibilité semble avoir été résolue : le monde a fini par percevoir la Palestine comme un pays dont les revendications à la souveraineté sont légitimes, et les Palestiniens comme un peuple en tant que tel. En revanche, la question du libre arbitre est restée en suspens, comme celle du temps. De fait, la Palestine est une zone de conflit depuis l’invention de la photographie, un territoire occupé depuis le mandat colonial britannique, et un pays en guerre depuis la création de l’État d’Israël. Cet affrontement aux multiples visages a pris tantôt la forme d’une guerre conventionnelle en 1948, 1967 et 1973, tantôt celle d’une invasion et d’une occupation militaires, en d’autres termes d’une guerre larvée. Même si le mot « paix » figure dans les accords d’Oslo, ceux-ci ne sont rien d’autre qu’une trêve incomplète, toujours en suspens, qui perpétue l’occupation militaire de la Cisjordanie et de Gaza, consacrant une forme de guerre latente.

    Le programme Palestine : territoire, mémoire et projections s’appuie sur des films, des rencontres avec des écrivains et des penseurs, et des discussions avec des artistes pour revisiter l’héritage des représentations militantes, poétiques et subjectives de la Palestine par les Palestiniens. Tout au long de cette lutte pour la visibilité, les artistes, cinéastes, poètes, écrivains ou architectes palestiniens ont créé des représentations, des images, des symboles et des récits de résistance. Ils ont été les témoins de cette longue guerre protéiforme qu’ils ont vécue, enregistrée, étudiée : le traumatisme de la violence, la douleur du déracinement, l’aliénation de l’expulsion, l’attente d’être sauvé, la cruauté de la survie, la mélancolie de la perte, la peur et l’humiliation imposées par les forces occupantes. Ils sont aussi devenus les scribes, les messagers, les gardiens, les archéologues de ce qui a précédé la Nakba et la rupture traumatique qu’elle constitue. Depuis les accords d’Oslo, ils luttent pour se réapproprier l’histoire et le pouvoir, au-delà des rivalités internes qui minent l’Autorité nationale palestinienne. Ils se confrontent à la réalité de cette guerre latente, éclairant les mécanismes et les codes du régime de sécurité, mais aussi les formes de résistance quotidienne qu’il suscite. Par la subversion, l’ironie, le détournement, ils déjouent la défaillance des élites politiques palestiniennes et israéliennes. Enfin, en ressuscitant les archives oubliées, ils comblent les fossés, recousent les déchirures, réécrivent le passé pour interroger le présent. La Palestine : une patrie et un territoire, un lieu où se projettent toutes ces représentations, dont l’histoire a été effacée, mais également réaffirmée par la résurgence de la mémoire, par le surgissement de l’intervention artistique. Le programme interroge enfin la Palestine dans sa « liminalité » qui se manifeste par la langue, dans laquelle se forge l’appartenance à la patrie et qui est aussi dépositaire des pertes, et de ce qui disparaît dans la médiation avec la langue de l’occupant.

    Share on FacebookTweet about this on TwitterGoogle+Email to someonePrint this page
    Tags: ,